Marche et rêve

Marche ou crève de Francis Lawrence est une adaptation du roman éponyme de Stephen King. A mon sens et pour le dire d'emblée, il saisit plutôt bien une idée phare de l'écrivain : raconter des histoires efficaces à partir d'une idée principale bien pensée.

Le cinéma toutefois aurait pu souffrir du concept central justement. Une action particulièrement redondante voire une quasi absence d'actions et souvent plus simple à gérer en littérature que sur grand écran. Pour autant, le film s'en sort bien malgré son évidente linéarité et qui plus est sans tricher d'une certaine façon, en recourant par exemple à de multiples flash blacks.

Non, on ne quitte pas la route et dans ce cas, il reste les personnages, la variation des plans, le travail de l'image, du son ... Bref, la grammaire cinématographique regorge d'outils mais le rythme aurait pu s'enliser quand même.

Ce n'est pas le cas parce qu'on retrouve une grande qualité de l'écrivain bien retranscrite ici : les dialogues. Ils sont simples, manquent souvent de finesse, sont romanesques et donc peu réalistes mais ils installent les liens entre les personnages et même ceux qui auront au final peu de temps d'écran et de paroles parviennent à nous émouvoir.

Ensuite le travail de l'image là-aussi ne recherche pas la complexité. On joue sur une photographie du centre des États-Unis déjà vu bien souvent mais il y a une beauté qui se dégage de ce pays qui semble à la fois abandonné, sauvage, superbe et misérable. Les quelques moments où la mise en scène s'attarde en-dehors du chemin permettent justement de présenter d'une façon élégante le contexte que l'on ne nous présente jamais clairement. Dommage que ce soit aussi rare. Sur l'évolution de ceux-ci, si la mise en scène prend peu de risques, il faut reconnaitre que la scène de la colline, bien que trop courte, fonctionne et que plus généralement les moments de nuit ou l'arrivée de pluie permettent de produire des plans qui cassent la routine et enrichissent l'imagerie.

Après le film est loin d'être parfait tout de même. Si son concept fonctionne très bien, il faut reconnaitre qu'un long-métrage ne permet pas de développer assez les personnages, même si le scénario contourne en partie ce problème en se concentrant avant tout sur le duo central ... mais tout de même, on garde une certaine impression d'inachevée sur ce plan. Ensuite, même si le travail de l'image est intéressant et efficace dans sa simplicité, même si les différents cadrages proposés offrent des lectures intéressantes des relations qui se nouent et se dénouent, de l'isolement terrible des personnages ou encore du contexte de l'histoire, la mise en scène demeure malgré tout limité et la scène de la colline ou l'arrivée en ville auraient peut-être pu être plus marquantes avec un réalisateur plus ambitieux. Enfin, la représentation de la violence et du gore plus généralement manque de cohérence comme si le film hésitait constamment entre la crudité et la suggestion.

Pour conclure, même si Marche ou crève manque de finesse sur à peu près tous les points, il n'en demeure pas moins un film au récit touchant et avec une certaine ambition au niveau de son message et de ce que disent les relations entre ses personnages.