Pour moi, Stephen King a toujours été bien plus qu’un auteur d’horreur : c’est un observateur impitoyable de l’âme humaine. Dans les années 90, j’ai littéralement dévoré ses romans, dont j’avais particulièrement apprécié MARCHE OU CRÈVE.
Le pitch est aussi simple qu’efficace : cinquante jeunes s’engagent dans une longue marche. S’ils passent sous les 5 km/h, ils reçoivent un avertissement ; au troisième, une balle dans la tête. J’attendais donc cette adaptation avec une curiosité mêlée d’appréhension.
Dès les premières images, j’ai retrouvé l’atmosphère suffocante du livre. Cette Amérique dévastée, rongée par la violence et la fascination du spectacle, trouve aujourd’hui un écho encore plus glaçant. Quarante-cinq ans après la publication du roman, le film en devient presque une critique de l’Amérique contemporaine.
Mais cette fidélité a aussi ses revers. Enchaîner les travellings et les dialogues introspectifs finit par créer une certaine monotonie. À force d’écouter ces personnages se raconter en marchant, le film perd parfois sa tension dramatique. Quelques ruptures de rythme (flashbacks, ellipses ou silences) auraient pu donner davantage de relief à ces destins.
D’autant que la structure rend le récit prévisible : on sent presque l’ordre dans lequel les marcheurs vont tomber, comme si leur sort était écrit dès le départ. Cette fatalité, puissante sur le papier, devient à l’écran un peu mécanique, et le film finit un peu par tourner en rond.
Heureusement, le casting permet de maintenir l’attention. Les comédiens réussissent à faire exister leurs personnages malgré leur peu de présence à l’écran, et à rendre palpable l’esprit de camaraderie qui s’installe entre eux. Aucun ne surjoue et ils trouvent la justesse nécessaire pour donner un visage à cette jeunesse sacrifiée. Francis Lawrence choisit également une brutalité frontale lors des exécutions, ce qui frappe et ne laisse personne indifférent.
MARCHE OU CRÈVE est une adaptation fidèle et réussie sur le plan de l’atmosphère et du casting, mais elle souffre d’une certaine rigidité narrative dont mise en scène répétitive a fini par me lasser…
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