Une jeune homme qui étudie la tauromachie auprès d'un ancien torero veut affirmer sa virilité contrariée en voulant violer la maitresse de celui-ci. Ce professeur va alors s'éprendre de l'avocate chargée de l'affaire, avec une relation assez ambigüe, basée sur un parallèle entre la montée du désir et la mort d'un taureau en plantant ses banderilles entre les omoplates.
La première période de Pedro Almodovar est assez méconnue, mais s'il y a de pépites comme Matador, ça donne envie de s'y intéresser. C'est clairement un hommage à Sueurs froides, aussi bien le vertige dont souffre ce jeune étudiant incarné par Antonio Banderas que les scènes d'escalier en passant par les cheveux relevés en chignon du personnage de Assumpta Serna, qui est clairement l'objet du désir. Non seulement de l'ex-matador incarné par Nacho Martinez mais aussi par Pedro Almodovar, qui la filme ardemment, jusqu'aux scènes sexuelles qui sont véritablement troublantes, car c'est elle qui commande ses partenaires, jusqu'à la banderille. Pour l'anecdote, le réalisateur fait un cameo à la Hitchcock en organisateur d'un défilé de mode.
Le film est également assez méchant sur le personnage joué par Banderas, montré comme un crétin, mais surtout maltraité par sa mère, qui le méprise, d'où le fait qu'il essaie de violer cette jeune femme, Eva Cobo, mais que cela touche même jusqu'à sa virilité. Tout le contraire du duo Martinez/Serna, sexuel au possible, qui se tourne autour comme dans une corrida, où ça se finira sur un terrain métaphorique.