Bon bah, c’était pas terrible. Je me suis efforcé d’écrire sans trop en dévoiler, mais à vos risques et périls.
Le début de l’intrigue était intéressant, même si les premières scènes d’esquive de balles me donnaient une impression assez désagréable de voir un film d’animation un peu claqué, avec des agents qui ne savent pas viser. Les personnages donnaient envie de les suivre. Yahya était excellent dans son rôle, incarnant bien la fusion de deux figures emblématiques pourtant très opposées. Puis cette intrigue m’a perdu, jusqu’à ce que quelques lignes de dialogue viennent littéralement péter le quatrième mur qui me séparait des acteurs, me tirant du début de sommeil dans lequel je commençais à plonger.
La métaphore du producteur de jeux voulant à tout prix rentabiliser sa franchise, quitte à le faire sans ses créateurs, m’a complètement sorti de l’expérience. S’en sont suivis des gimmicks, ou des éléments nostalgiques, amenés au premier rang (le lapin blanc, le chat-artefact...), similaires à ce qu’on pourrait trouver dans une mauvaise adaptation de jeu vidéo, avec cinq minutes de scène transformées en un niveau. On est peut-être complètement dans le thème, mais trop d’auto-références et d’auto-dérision tue le récit.
L’absence d’Hugo Weaving se remarque immédiatement. C’est d’autant plus regrettable (voire stupide) que son retour en tant qu’Agent Smith aurait apparemment pu se faire, mais aurait été finalement annulée par le réalisateur. Jonathan Groff essaye, mais ça ne fonctionne pas. Vous imaginez un Shining avec Ben Affleck, un remplacement de Gary Oldman par Nicolas Cage ? Moi non plus. Et c’est con, parce que j’aime essentiellement Matrix pour les tirades et les vannes de ce dernier. Et un peu aussi parce que j’aime la SF un peu crasseuse qui sent le rapiéçage et la vieille ferraille.
La relation entre Néo et Trinity est au centre de l’intrigue, relation qui produisait déjà les moments les plus soporifiques des deux premiers films. Mais j’suis pas non plus un monstre, et j’avais trouvé les scènes de ces deux personnages très poignantes dans le dernier film. De plus, tous les éléments racontés par le nouveau leader spitiruel sont plutôt logiques : plus de Matrice, moins d’énergie pour les machines, et qui dit manque de ressources, dit conflit. Jusqu’ici tout va bien. Et puis l’intrigue commence à prendre une tournure absurde. C’est vraiment très niais, ou très mal raconté. On n’est vraiment pas loin de la puissance de la Fonk de Mozinor. Peut-être que les Machines auraient dû puiser leur énergie ailleurs. J’attends le détournement avec impatience.
Je veux bien croire que j’ai pu louper des pépites de mises en scène, mais j’ai surtout eu l’impression de voir des redites moins percutantes, voire molles du bulbe, et un montage beaucoup trop nerveux qui ne me laissait pas vraiment le temps de tout apprécier. Le fameux bullet time, transformé en un élément diégétique, donna une ou deux scènes un peu marquantes, mais en échange d’un nouveau coup de pied dans le fauteuil de ciné. Et encore une fois, l’absence d’Hugo Weaving empêcha sa scène finale d’avoir un quelconque élan dramatique ou nostalgique. Les flashbacks furent lourds et inutiles, j’en avais pas besoin pour me rappeler de Sati. Et je n’ose même pas parler du Mérovingien, complètement inutile, tout juste bon à cracher son venin dans le coin d’une pièce, sans classe, sans grain de folie, sans mise en scène, sans justification à sa présence dans la pièce (pour amener des renforts, par exemple). On lui fait dire deux-trois gros mots en français, et c’est terminé. Ridicule.
L’intrigue eut au moins la bonne idée de se conclure sur une répartition un peu plus équilibrée des forces de Néo et Trinity. Mais est-ce que j’ai envie de voir la suite ? Franchement, pas vraiment. Je suis resté pour la scène post-générique, mais elle a surtout suffit à m’achever.