On avait quitté Jean-François Richet sur le vilain flop commercial de L'Empereur de Paris (2018), le revoilà sur une production américaine dont il n'est pas du tout à l'origine. Partant sur une envie de roman, Charles Cumming écrit finalement un scénario pour les producteurs Marc Butan, Mark Vahradian et Lorenzo di Bonaventura. Le projet patauge jusqu'à l'arrivée de Gerard Butler en rôle principal et essuie un nouveau coup dur à cause de la crise du covid, Lionsgate ayant peur de se lancer avec un budget de 50 millions de dollars. Solstice Studios prend sa place, avant de se faire racheter les droits par Lionsgate quelques mois plus tard.


Christian Gudegast (qui avait réalisé le pas mal Criminal Squad avec Gerry quelques années plus tôt) devait initialement le réaliser, mais c'est finalement Richet qui s'en chargera, laissant de côté un petit projet de thriller en France. Le réalisateur de Ma 6-T va crack-er n'en est pas à sa première production étrangère, puisqu'il avait déjà signé le navrant remake d'Assaut (2005) et le pas folichon Blood Father (2016). Sans compter l'accueil de Mesrine (2008) à l'étranger, avec notamment l'appui de Michael Mann.


Mayday ou Plane à l'étranger est nettement meilleur, même si le projet peut paraître incroyablement casse-gueule sur le papier. Ainsi, Mayday se présente d'abord comme un film catastrophe, avant de bifurquer sur le film d'action. La première partie se révèle efficace, montrant de simples pilotes essayant de sauver un avion en pleine tempête au même titre que Sully (Clint Eastwood, 2016) et Flight (Robert Zemeckis, 2012). D'autant plus que la scène se passe plus ou moins en temps réel, jouant sur le suspense avec les minutes qui séparent l'éclair qui paralyse l'avion et son potentiel crash. Les personnages sont livrés à eux-mêmes (si pas d'électricité, pas de communication avec les tours de contrôle) et si les passagers ne peuvent absolument rien faire, tout le reste repose entre les mains des pilotes devant gérer la situation le plus rapidement possible. Le tout avec des effets-visuels tenant plutôt bien la route (on parle d'un budget d'environ 25 millions de dollars).


Puis on passe à tout autre chose avec un survival dans une zone mal fréquentée des Philippines, flirtant sévèrement avec John Rambo (Sylvester Stallone, 2008). Jugez plutôt : des occidentaux pris en otage par des pirates militarisés dans une zone à risques, des autres qui essayent de les sauver et des scènes d'action violentes. L'air de rien, le film ne fait aucun cadeau aux otages et quand les armes sifflent, les saillies gores ne manquent pas et avec un sérieux qui permet une certaine tension. Donc même si un peu de fun peut se dégager de Mayday, il y a une brutalité qui se dégage au même titre que dans le film de Stallone (même si ce dernier est beaucoup plus radical).


Il est bon de noter que contrairement à beaucoup d'autres films avec Gerry Butler, ce dernier n'est pas vraiment un héros d'action. Ce qui se confirme avec le plan-séquence où il affronte difficilement un des pirates, se prenant plus de coups que dans l'entièreté de la trilogie Has fallen (2013-2019). Ce n'est pas un militaire surentraîné ou un flic. Juste un pilote d'avion qui sait se défendre au cas où. C'est finalement Mike Colter qui se retrouve avec le personnage d'action, prisonnier dégommant tout sur son passage avec une éthique spécifique. Un personnage qui sait pourquoi il est là, reste ce qu'il est du début à la fin, ce qui ne l'empêche pas d'agir aux côtés de l'équipage.


Richet aurait pu faire une commande banale comme bons nombres de ses contemporains français quand ils traînent à Hollywood (Mathieu Kassovitz en est un très bon exemple). Il signe au final un film deux en un convaincant, ne cherchant pas à être plus qu'une série B agréable avec des acteurs qui en veulent. Ceux qui s'attendent à du Gerry show comme sur ses films d'action habituels seront peut-être un peu déçu. Mais en attendant, il montre ici qu'il peut jouer autre chose que des gros bras qui cassent du méchant à tour de bras, ce qui s'avère réussi.



Borat8
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le 5 févr. 2023

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