Quand James Bond voulait la peau d’un asiatique boutonneux à milles carats

Pour son dernier tour de piste, Pierce Brosnan, assisté d’Halle Berry et comptant sur Lee Tamahori pour la réalisation, va mettre les bouchées doubles pour nous offrir un dernier James Bond mémorable. Décors exotiques, ambiance de film d’espionnage bourrin, ce dernier opus de l'ère Brosnan sort l'artillerie lourde question scènes d'action spectaculaires. Le plus nerveux, le plus dynamique et le plus fun des épisodes de l'acteur, c'est bien celui là.


La vieille franchise qui osait innover


Depuis les réussites qu’ont été les Goldeneye et autres Demain ne meurt jamais, on espérait que le départ de Pierce Brosnan n’arriverait jamais, ne serait pas si rapide et brutal. Meurs un autre jour se doit donc d’être visionné d’une manière plutôt mélancolique et nostalgique avec une pointe d’excitation. A chaque film sortit, le défi consistait à faire sans cesse mieux que le précédent. Pas simple quand un film comme Demain ne meurt jamais plaçait la barre si haute. Pour son arrivée dans le nouveau millénaire, notre James Bond va être emmené à un endroit où jamais on ne l’avait vu évolué. Retirez lui ses gadgets, ses beaux costards et ses belles voitures, faites le travailler pour son propre compte hors du cadre du MI6 et voyez comment tout ça va se passer.


Résultat, Meurs un autre jour, propose en toile de fond du film, la trahison. Sans toutefois perdre l’essence même de ce qui fait de James Bond un film d’espionnage, l’équipe du film a voulut donner un nouveau souffle à la série. Pierce Brosnan continue son bout de chemin. Cet homme de caractère, charismatique, élégant et cool, parfaitement à l’aise continue de faire des merveilles à l’écran. Ici, c’est une part un peu plus sombre que d’habitude que nous verrons.


L’excentricité et le culot restent, mais on y ajoute quelque chose de plus bourrin, proche de ce que l’on retrouvera des années plus tard dans un certain Casino Royale. Meurs un autre jour verra notre Pierce Brosnan remonté à bloc. Rien que cette séquence d’une folie furieuse où il s’engage dans un affrontement musclé, armé entre autre d’un katana, d’un sabre, voir d’un glaive, contre Gustav Graves, roi des diamants, vous montre que notre héros, il est en colère. Et il a de quoi l’être. Le fan de la série Highlander que je suis a jubilé pendant 5petites minutes. Hélas, pas de quickening. Faut pas abuser non plus!


En parallèle, James Bond oblige, on fera venir deux nouvelles James Bond girls qui succomberont au charme de notre héros. Le problème vient du traitement de ces deux personnages. Alors qu’Halle Berry agace par sa vantardise, son envie (ou non) de voler la vedette à Pierce Brosnan en jouant la dur à cuire, être la meilleure des meilleures, n’aimant pas les mecs trop collants…bon sauf quand elle est dans la mouise, le personnage incarné par Rosamund Pike, froide, inexpressive, distante par rapport à Bond est prévisible au possible. On se doute à des kilomètres qu’elle lâchera l’affaire dès qu’il aura posé le regard sur elle. Autre chose, n’oublions pas que des années plus tard, elle faisait de gros coups tordus à notre pauvre Ben Affleck dans Gone Girl. De quoi y réfléchir à deux fois avant de persister à draguer la minette.




  • Je suis Mister Kil.

  • Il y a des noms de familles qui tuent !



Retour au James Bond pur et dur


Pour les bad guy de l’histoire, ils sont au nombre de deux et là, contrairement au personnage de Renard dans Le monde ne suffit pas, on a parfaitement exploité le potentiel de nos deux hommes. Alors que l’un semble jouer dans la cour de récréation d’un certain « Requin », l’autre, riche, beau…ROUX, joue de sa soif d’adrénaline, cachant en parallèle un lourd secret plutôt original et surprenant. Pour le coup, je ne l’avais pas vu venir. Un ennemi semblant invincible, un autre marchant sur ses plates bandes, James Bond va en baver.


Heureusement, il peut compter sur le nouveau Q pour l’aider dans sa nouvelle mission. Et oui, on n’allait pas éternellement faire évoluer notre espion préféré sans quelques gadgets en poche. Dans Meurs un autre jour, on n’a pas fait les choses à moitié, comptant bien rattraper le temps perdu parce que dans le film précédent, les gadgets, y en avait pas des masses. Ici, il y en a à la pelle, tous plus fun les uns que les autres. Que ce soit la nouvelle Aston Martin invisible (comportant en prime siège éjectable, torpilles, pneus cloutés et mitrailleuse à visée laser), la bague agitateur sonore pouvant briser des vitres blindées, la nouvelle montre Oméga équipée d'un détonateur et d'un laser, vous aurez de quoi baver pendant ces 2heures. On dit merci qui ? Merci Q !


Le retour du bon vieux James Bond et ses scènes d’action démesurées, peu crédibles mais pourtant dans le ton de tout ce qui faisait le charme des vieux films. James Bond girls sexy, mystérieuse et un peu vantarde sur les bords, bad guy mégalo proche du monstre de foire, des tonnes de gadgets, le monde à sauver, un héros en mauvaise posture, des petits pics d’humour, de l’espionnage, du chic et des flingues, on reprend la bonne vieille recette de l’esprit Bondien et tant pis si ça ne plait pas à tout le monde. Les temps ont changés, les gouts ont changés, qu’importe, on pense d’abord aux vieux fans, voulant leur montrer qu’on a beau être en pleine année 2002, pas question de changer l’âme de ce qui faisait le charme des James Bond.


Pour compléter le tout, des décors exotiques, typiques des James Bond. Hawaï, Asie, l’Islande où vous visiterez en prime un magnifique Palais de glace avec tout un tas de meubles…en glace (même le lit !), l’Espagne et Le Royaume-Uni. Tout ça, pour deux buts : faire rêver, donner lieu à des séquences d’action sublimes comme cette course poursuite effrénée à l’intérieur et à l’extérieur du palais de glace, voyant James et un des bad guy s’affronter tout deux à bord de leur voiture high tech. Culte.



Aston Martin l’a créée pour le plaisir des yeux, nous nous l’avons
fait... Disparaître !



Au final, on pourra regretter quelques fautes de mauvais gout comme cette séquence de surf avec parachute très mal foutue, sentant le CGI à des kilomètres à la ronde, l’arrogance agaçante d’Halle Berry, et cette bêtise d'avoir intégré furtivement Madonna au casting (obligation de la production pour avoir eu la chance que la chanteuse s’occupe du générique d’ouverture). Néanmoins, sa scène d'intro cool et inédite, ses rebondissements, son bad guy, ses gadgets improbables et fun, son Pierce Brosnan remonté à bloc, ses scènes d’action ainsi que ses musiques, font de Meurs un autre jour, un des meilleurs James Bond de l'ère Brosnan. Une ère qui se termine sur une bonne note.

Jay77
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le 18 juin 2018

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Jay77

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