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Une poésie onirique et visuelle

Merci M. Aster, vous nous offrez un film passionnant mais d'une difficulté aussi folle à aborder qu'à critiquer.
Alors... Midsommar.

Un couple en déclin, un voyage en Europe de l'est, une secte familiale en autarcie. Le cadre est posé, Aster définit déjà le thème du premier niveau de lecture du film : le cercle familial et son importance.

Je ne m'aventurerai pas à essayer de décrypter les autres niveaux de lectures, les inspirations ou encore chaque détail de mise en scène de ce film tant ce serait d'une longueur interminable et d'une difficulté incroyable à retranscrire a l'écrit.

Commençons par le scénario de ce film et ce qu'il nous propose.
Le film nous balade aux travers de 9 jours de cérémonie familiale dans laquelle Pelle, un membre de cette famille a embarqué ses 3 amis : Josh, Mark et Christian ainsi que la copine de ce dernier, Dani. Sauf que plus les jours s'écouleront, plus la cérémonie s'avèrera borderline et défiant les principes éthiques du monde civilisé tel que nous le connaissons.
Voilà comment le scénario nous embarque en 20mn dans un univers coupé du monde à la limite de l'onirisme pur, offrant des visuels fous (que je traiterai dans la 2eme partie).
Le cadre est donc vite posé et prenant le temps d'introduire la drogue et son importance au sein de ce trip esthétique ainsi que les problèmes sentimentaux pouvant, d'après moi, surtout jouer sur un second niveau de lecture.
Au final, qu'est-ce que le film pourrait bien offrir en 2h30 vu la vitesse à laquelle il a déjà posé ses bases ? C'est la première question que je me suis posée.
C'est là qu'Aster m'a impressionné, se servant de son thème pour enrichir toujours plus sa narration. Le scénario offrait une possibilité incroyable de développement connectés entre eux. Et il n'a pas raté son coup. On se retrouve face à une œuvre bien différente de son précédent long-métrage : Hérédité car en effet le film est beaucoup moins graphique mais bien plus difficile à supporter psychologiquement. Il y a bien 3-4 scènes bien graphiques mais c'est jamais l'élément principal de la scène.

La scène du suicide pourrait faire exception mais il s'agit en réalité de se centrer sur l'atrocité de la non-réaction de la famille ainsi que le choc causé aux protagonistes.


Au final le scénario se base avant tout sur la psychologie des protagonistes et non sur l'atrocité des évènements. Il s'agit de comprendre ces événements et de voir la réaction de nos héros. Et puis si on s'attarde sur le second, sur le troisième voire quatrième niveau de lecture il faut même pas chercher à placer ces éléments "gores" au centre de l'intrigue.
Alors, oui, Midsommar c'est foutrement bien écrit. Mais alors, c'est tout ?

Visuellement y a pas à chercher : c'est beau, et c'est alors là que mon titre prend tout son sens.
D'abord je tiens absolument à parler de ce petit détail de réalisation qui, pour moi, est essentielle au second niveau de lecture du film : la caméra se retourne et film la route à l'envers lorsque les protagonistes franchissent la frontière. Comme s'il sortait de ce monde réel pour rejoindre un autre, imaginaire ou pas ? Symboliser l'entrée dans la psychologie d'un personnage ? Symboliser l'entrée dans un univers qui va à l'encontre de tout ce à quoi ils sont habitués ? À vous de vous faire votre propre idée mais c'est un détail de réalisation comme il y en a plein dans le film et ça m'emplie de bonheur de voir un long-métrage si bien pensé.
En terme de composition de cadre, tout est pensé au millimètre, sert à l'intrigue et à moins être perdu au sein de cette dernière.
On nous offre des personnages perdus dans un milieu qui les dépasse et qui plus est sous l'emprise constante de drogue diverses. Excuse pour les monteurs pour s'amuser avec des effets donnant un sentiment de fausse utopie onirique au possible. Ainsi Midsommar nous offre un cadre servant toujours sa narration en plus d'être d'une beauté incomparable.
La lumière, constamment en surexposition, amplifie ce sentiment de fausse utopie, de paradis artificiel sans que ce soit désagréable pour autant. Le film s'inscrit d'ailleurs en opposition par rapport à Hérédité, étant d'une luminosité constante alors que ce dernier s'inscrit dans un univers sombre et glauque à souhait.

Au final, oui, Midsommar est superbe, intelligemment orchestré et d'une richesse incroyable. Non il n'est pas tout public loin de là, il peut être cruel, dur à supporter, à appréhender. En revanche, pour tout spectateur curieux et averti, il ne peut qu'être bénéfique.
C'est un film duquel on ne ressort pas indemne, il laisse un goût amer en bouche et j'en suis ressorti l'estomac retourné et la tête en vrac tant il m'a bluffé. C'est un film qui peut laisser des tas de gens sur le carreau, mais moi je me suis fait embarqué les 5 premières minutes et impossible d'en ressortir. Ces 2h30 m'ont paru 10mn et c'est ce qui fait que, selon moi, Midsommar est le film coup de poing de cette année.

Bonne chance, et bon film.

Hyress
9
Écrit par

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le 8 août 2019

Critique lue 335 fois

1 j'aime

Hyress

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