Un classique

Alors que le biopic n'a jamais été autant à la mode, on mesure l'écart de qualité entre celui-ci et la médiocrité des productions actuelles. Parce que Schrader s'intéresse principalement à la vie de Mishima l'écrivain, avant de s'intéresser à la vie de Mishima l'homme.

Évidemment, les deux sont liés inextricablement : jusqu'à preuve du contraire, c'est la même personne... Mais Schrader n'envisage Yukio qu'au travers de Mishima. Ici pas de mièvrerie ou d'anecdotique : pour comprendre cet homme, il faut avoir lu ses livres. Donc, Schrader fait le choix de mettre en scène ses textes sous forme de chapitres. Et l'idée d'illustrer sa vie en illustrant ses écrits s'avère un parti-pris artistique gagnant.

Ajoutez à cela le choix d'une BO confiée au Philip Glass de l'époque de Koyaanisqatsi (c'est-à-dire avant que Glass ne compose à dose industrielle des musiques pour le cinéma) et vous obtenez un film à l'ambiance identifiable entre mille.

Indétrônable dans la filmo de Paul Schrader, avant que soudainement il ne se réinvente en 2017, Mishima reste toujours à ce jour son film le plus abouti, en ce sens où il échappe (un peu) aux tropismes du réalisateur en maintenant très haut le niveau de qualité. En clair, on comprend facilement ce qui a pu attirer Paul Schrader dans la vie de l'écrivain japonais, mais le film à une singularité qui le fait ressortir de ses autres réalisations, même les meilleures.

Ceci dit, il reste qu'il vaut mieux en savoir un minimum sur Yukio Mishima pour apprécier le film, parce qu'il ne mâche évidemment pas trop le travail pour son spectateur pour expliquer le qui, le pourquoi et le comment.