Alexandre Wetter est simplement incroyable, dans un premier rôle au cinéma qui doit tout à sa performance saisissante et à son charisme naturel. Miss est un cocktail d'émotions, de franche rigolade, d'ouverture d'esprit et de critiques justifiées sur la vision instrumentalisée de la femme. Alexandre est un jeune homme qui stagne dans un foyer (qui ressemble plutôt à l'Arche de Noé), veut vivre sa féminité et surtout : remporter le concours de Miss France. Soit le milieu le plus cliché et réducteur sur ce qu'est censé être une femme : des formes généreuses en petit maillot de bain et grand sourire niais pour être la plus sexy (jugée pour celle qui fait le plus trémousser les pantalons)... Adieu féminité, et bonjour femme-objet ? Non, grâce au discours du film qui a l'intelligence de souligner la perfidie de ce jugement (les coulisses des Misses sont hilarantes !), avec quoi contraste l'honnêteté (malgré son mensonge pour participer) d'Alexandre dans sa construction. En tant que femme ("Alexandra") il se sent prêt à s'accepter et à s'affirmer (sans forcément chercher à changer de sexe, là encore un cliché commun), et le message du film, tolérant et ouvert d'esprit avec les choix de sexualité et d'identité, vous fera peut-être verser une larme à la fin, dans une suite de scènes magiques qui passent par toutes les émotions. Et l'on peut compter sur le brillant casting pour camper des personnages incroyables, certes un peu poussifs, mais vraiment attachants. Entre Lola le travesti prostitué âgé (hilarant Thibault de Montalembert, dans un contre-emploi jouissif de son PDG bougon de Dix pour Cent), les jeunes compères moqueurs d'Alex ("Tic et Tac"), la propriétaire aigrie (touchante Isabelle Nanty) et la Miss PACA qui est un personnage évoluant avec le secret d'Alex... On pourra reprocher au film sa grande facilité scénaristique, ses bons sentiments, son humour très présent, mais lorsqu'on prend tant de plaisir à suivre un film, tout cela ne devient que détails. Mieux, on pense qu'ainsi le film peut se destiner à un public plus large que celui étant adepte des drames bouleversants (la grande majorité des films sur ce thème). Tel Pride (un bijou d'humour et de bonne humeur qui n'enlèvent rien à son histoire émouvante), Miss ne laisse pas son humour le décrédibiliser, mais l'utilise pour nous faire passer le message avec un sourire sur les lèvres, et une larme au coin de l’œil en fin de film. Miss se regarde comme une comédie drôle et bourrée d'ouverture d'esprit. Alexandre Wetter est totalement envoûtant, et "Alexandra" nous montre ce qu'est une femme, une vraie.

Aude_L
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2020 et Prédic' Césars 2021

Créée

le 26 oct. 2020

Critique lue 489 fois

1 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 489 fois

1

D'autres avis sur Miss

Miss
Moizi
5

La banalité faite film

J'avoue ne pas trop comprendre le projet de Miss. J'ai bien cru au départ que j'allais haïr le film tant tout ça sonne faux. La séquence d'ouverture avec les gamins qui disent ce qu'ils veulent faire...

le 13 nov. 2020

14 j'aime

2

Miss
Cinephile-doux
5

Un rêve de petit garçon

Miss sort la même semaine que Adieu les cons. Pas question de les comparer, si ce n'est que l'un est une œuvre d'auteur et l'autre nettement moins, ce qui n'empêche pas éventuellement d'aimer les...

le 22 oct. 2020

8 j'aime

Miss
DavidRumeaux
7

Miss !

Repoussé au 23 Septembre pour cause de Coronavirus, Miss a quand même eu droit à ses avant premiére... Alexandre a un rêve : Devenir Miss France. Autant dire que ce rêve semble inaccessible. Mais il...

le 11 mars 2020

8 j'aime

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

48 j'aime

Bob Marley: One Love
Aude_L
5

Pétard...mouillé.

Kingsley Ben-Adir est flamboyant dans le rôle du jeune lion Bob Marley, âme vivante (et tournoyante) de ce biopic à l'inverse ultra-sage, policé, et qui ne parle pas beaucoup de la vie du Monsieur...

le 14 févr. 2024

38 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

35 j'aime