Mon premier Wiseman. Ca donne envie de voir le reste de sa filmographie. Je regrette d'ailleurs de ne pas en avoir choppé plus lorsque j'en avais l'occasion (la dvdthèque de mon école en possédait 5 ou 6 mais comme je m'attendais à des docu chiants, je n'ai osé en emprunter qu'un).

"Missile" est un documentaire intelligent dans le sens où le réalisateur ne perd pas son temps à nous expliquer son point de vue. Sur ce point, ça m'a fait penser à "La génèse" de Crumb qui se contente d'adapter mot pour mot la bible en BD ; l'image parle d'elle-même, pas besoin de préciser que l'auteur trouve le texte absurde. C'est ici le cas aussi. Wiseman n'est pas un fanatique des armes et encore moins du nucléaire, et montrer le fonctionnement et les procédures liées au bombardement dans toute son absurde complexité suffit à nous faire comprendre le point de vue. Je parle d'absurde complexité, mais le plus fort c'est de nous montrer une scène où un pilote au bout de la crise de nerf appelle, démontrant que toutes les sécurités du monde ne peuvent rien garantir. DIsons que Wiseman aime glisser ici et là les failles du fonctionnement. Par exemple cet instructeur qui dit qu'un élève a redressé la barre 10 jours avant les résultats, ce qui lui a évité l'échec... en 10 jours, comment apprendre à devenir un soldat fiable, apte à porter des bombes nucléaires, si l'on considère qu'il était voué à l'échec jusque là ?

Le récit intéresse par une articulation narrative claire ; au commencemnt, on nous présente la jeune classe qui se lance dans cette formation. S'en suivent une série de tests filmés (on se demande même comment Wiseman a pu avoir les autorisations et surtout comment son film ne s'est pas vu censuré ? Sans doute l'absence d'énonciation de son point de vue a joué en sa faveur) jusqu'à la proclamation de fin détude. Cette manière de faire donne du corps et du rythme au documentaire devant lequel on ne s'ennuie jamais.

Bref, Wiseman fait fort avec peu de choses. Un film ne pourra jamais égaler un livre en matière de réflexion, le réalisateur doit donc se montrer concis et précis ; c'est le cas ici.
Fatpooper
9
Écrit par

Créée

le 29 juil. 2013

Critique lue 420 fois

3 j'aime

1 commentaire

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 420 fois

3
1

D'autres avis sur Missile

Missile
RENGER
6

Immersion au cœur de la force de dissuasion nucléaire, sans fard ni artifice.

Quatrième et dernière immersion dans le registre militaire, après Basic Training (1971), Sinai Field Mission (1978) & Manoeuvre (1979), cette fois-ci, le documentariste Frederick Wiseman nous...

le 10 oct. 2021

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55