Nous vivons et nous mourrons dans l'ombre

Cet épisode était vendu comme une première partie d'un arc narratif s'étendant sur 2 films tournés simultanément, d'où son premier titre Mission: Impossible - Dead Reckoning, partie 1 (finalement abandonné en janvier 2024). C'est un choix réfléchi (+ économique) qui a le mérite d'être souligné. Naturellement le tournage sous la pandémie a été chaotique. Mais les images du tournage laissait entrevoir une suite aux séquences d'actions toujours aussi ambitieuses. Devant les imprévus l'équipe de production annonça finalement qu'elle renonce à l'enchainement du tournage du 8e film.

Cet opus pensé comme une première partie finalement a son lot d'atouts dans le scénario. Énorme surprise surprise : Le supérieur de Hunt du premier film, Eugene Kittridge, est de retour désormais directeur de la CIA. Cela montre une volonté de lier une saga débutée il y a presque 30 ans. Le scénario intronise un méchant inattendu : le célébrissime CHATGP. Je plaisante, mais considérant l'évolution galopante et terrifiante des intelligences artificielles ces dernières années, c'est un choix pertinent qui parlera a un public très large. C'est toujours mieux que de proposer un énième terroriste qui fait des attentats aux quatre coins du Globe, même si par la force des circonstances on est obligé d'insérer quand même un vilain consensuel à cet intrigue. Et comment s'appelle ce méchant en carton ? Gabriel... Tu brûles mon esprit, ton amour étrangle ma vie (cf. la chanson de Johnny). Je tacle gratuitement le nom bac à sable du gars chipotant vraiment pour rien.

Face à cette menace réticulaire baptisée l'Entité la FMI doit redoubler d'ingéniosité. Les forces en présence sont démultipliés ce qui rend la mission d'autant plus périlleuse. Toute l'intrigue repose sur des choix lourds à faire. Le scénario est rempli de moments de tension où on a vraiment peur pour les personnages car tout est susceptible d'arriver. De plus jamais la condition d'agent de la force mission impossible n'aura été aussi explicité, ce qui sert sûrement assez bien le récit et ses rebondissements. On en oublie pas un humour léger bienvenu (typiquement la folle et généreuse course poursuite à Rome) mais qui ne désamorce jamais le suspens général. Comme sur Fallout il y a beaucoup de verbiages entrecoupés de scènes d'action plutôt intenses (filature à l'aéroport d'Abu Dhabi, confrontations à Venise, dernier acte sur l'Orient Express) figurant sans difficultés parmi les meilleures de la franchise. Mais allez savoir pourquoi, je trouve que c'est ici mieux géré. L'exposition est limpide pour faire comprendre cet arc narratif élaboré et en saisir tous les enjeux. Je trouve parfois la bande originale trop présente et répétitive.

Concernant la distribution rien à redire sur la bande Tom Cruise, Ving Rhames, Simon Pegg et Rebecca Ferguson qui font toujours un bon taf. La nouvelle de la bande Hayley Atwell (Grace) est très convaincante. Idem pour Pom Klementieff (tueuse à gage). Par contre je ne suis pas plainement convaincu par Esai Morales (Gabriel, vieil ennemi de Hunt). Je suis content de retrouver Henry Czerny (Eugene Kittridge) toujours à contrarier l'agent a qui il a laissé le choix. C'est drôle de voir Cary Elwes (Sacré Robin des Bois de Mel Brooks) car on ne le voit plus beaucoup.

Mieux maitrisé que son prédécesseur cet épisode reste un blockbuster d'action qualitatif. Il a été fait avec beaucoup de talents à la barre. Sans doute sera-t-il réévalué avec sa "deuxième partie" (retirée depuis The Final Reckoning) présentée comme le dernier film de la saga (avec Tom Cruise).