Avec Mission: Impossible 8, la saga culte menée par Tom Cruise arrive à un tournant délicat. C'est le 1er qui soit une suite directe et ce 8e volet sonnait comme une fin de saga.

Le précédent opus, malgré un léger bémol à la 1ère vision, était plutôt dans la fourchette haute de la saga. Le film conserve certaines qualités propres à la franchise, mais donne aussi le sentiment d’un essoufflement, tant dans son écriture que dans sa mise en scène.

Commençons par les bons points : Simon Pegg reste un pilier attachant, toujours juste dans son rôle et l'évolution de son personnage au fil des films fait plaisir.

Je citerai également un caméo qui sort du lot (j'évoquerai ceux qui fâchent plus tard),

celui de l'analyste du film de De Palma.

Au-delà du fan service, sa présence est plutôt bien amenée et il est réellement utile à l'intrigue.


Malheureusement, ils ne suffisent pas à compenser les faiblesses.

Il est fascinant de constater à quel point le film illustre le paradoxe du cinéma contemporain : prétendre embrasser l’époque tout en fuyant son propre sujet. Poser une intelligence artificielle comme menace absolue sonnait comme une évidence , en phase avec les angoisses actuelles. Et le précédent film avait vraiment réussi à en faire un antagoniste glaçant. Mais dans cette suite, l’idée est vite reléguée comme si le film reculait devant la possibilité d’affronter le présent.


À la place, on retrouve

Gabriel mais en mode flipette (quand son personnage semblait tellement dangereux précédemment)

et un arc narratif pour Ethan Hunt tirant le film vers un registre quasi-superhéroïque. Il n’est plus l’agent imparfait et tenace qu’on suivait depuis le début, mais il est l'élu (c'est carrément dit dans le film). Le fantôme de Matrix 4 n'est pas loin...

Le récit souffre également de lourdeurs : les passages au NORAD n'ont aucun intérêt,

le fil narratif autour de Phelps sonne forcé,

et certaines tentatives d’émotion échouent, à l’image de

la mort de Luther

expédiée et sans véritable impact. Même le personnage incarné par Pom Klementieff, pourtant magnétique dans l’épisode précédent, n’existe quasiment plus ici, réduit à conclure les dialogues des autres personnages en susurrant des formules sibyllines d'un ridicule achevé (« tic toc, la fin du monde… »).

Côté action, marque de fabrique de la franchise, l’impression de baisse de régime se confirme : moins nombreuses, parfois longues ou répétitives, elles manquent de la virtuosité qui faisait la différence. La séquence du sous-marin, si elle est soignée, s’étire trop, et celle en avions est répétitives et pas très scénographiée.

Derrière ces défauts, on devine une production chaotique. Tournage morcelé, refus de Paramount de laisser tourner les deux volets à la suite, grève des scénaristes. Le succès relatif du précédent semble les avoir amené à douter de leur film et à le réécrire: autant d’éléments qui ont probablement nourri ces incohérences. Même la rigueur de Tom Cruise en tant que producteur, habituellement garante d’une ligne claire, semble avoir été diluée par les circonstances.

Au final, Mission: Impossible 8 cherche davantage à toucher le cœur qu’à offrir le grand spectacle qui a fait la réputation de la saga. Mais en essayant de réunir artificiellement les fils des épisodes précédents, comme *Spectre* l’avait tenté pour Bond, le film s’égare. On en ressort avec l’impression que la franchise a perdu de sa singularité, au profit d’une logique hollywoodienne plus générique, amplifiée par la marvelisation de son héros et de ses enjeux.


La fin est un acte manqué également (je n'en dirai pas plus).

Reste la conviction que Tom Cruise croit toujours à sa mission : sauver le cinéma par la salle et par le spectacle. Mais cette fois, à mon sens, l'essai n'est pas transformé.

gruute
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le 5 oct. 2025

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