Une oeuvre injustement méconnue, originale et qui tient pleinement ses promesses. La capacité de Joël Santoni à installer une atmosphère dès les premières secondes s'avère proprement remarquable : une sublimation froide des décors souvent proches de l'abstraction, évoquant de manière lointaine le Ténèbres de Dario Argento ; une musique étonnante signée Vladimir Cosma, présentée sous la forme de séquences d'enregistrement habilement montée parallèlement aux scènes de pur genre ; une pluie incessante participant énormément à la plastique du film de Joël Santoni, qui signe un film d'horreur psychologique d'une qualité rare et inattendu de surcroît.
Entre l'élégance d'une Nicole Garcia magnifiée, la sécheresse perverse de Dominique Lavanant ou encore la nervosité renfrognée d'un Jean-Pierre Bacri dans un rôle mémorable le casting de ce Mort un Dimanche de pluie réserve de belles surprises, totalement crédible malgré le caractère très composé, très fabriqué dudit film. Vingt ans avant la vague des films d'horreur à la française ( à laquelle appartiennent les productions d'Alexandre Aja, le très graphique A l'intérieur ou encore le chef d'oeuvre Martyrs ) le réalisateur signe un slasher avant l'heure, reprenant bon nombre des codes du genre...
Là où cette pépite cinématographique surprend réellement c'est dans sa manière de maîtriser le mélange d'effets à priori très différents, sans tomber dans le grotesque. Dérangeant, parfois tendancieux, Mort un Dimanche de pluie expose les tabous étrangers au genre ( ces derniers étant souvent des passages obligés dans ce type de cinéma ) tout en perlant les visions chocs. Le film ne tombe jamais dans la gratuité, s'avère remarquablement interprété et scénaristiquement intelligent et prenant. Une oeuvre qu'il serait salutaire de réhabiliter, ne serait-ce que pour découvrir un réalisateur finalement confidentiel. Excellent !