Dan Gilroy a fait une excellente composition entre un homme en quête de pouvoir et les réseaux médiatiques. Pour sa première réalisation, il a su nous convaincre à travers le discours moral d’hommes et de femmes s’interrogeant constamment sur leur propre satisfaction.
N’oublions pas qu’il a démarré très tôt dans l’écriture de scénarios comme The Fall, Real Steal dont il est l’auteur, ou encore Jason Bourne : l’héritage, porté par Jeremy Renner.
L’intrigue porte sur une course contre les images les plus prolifiques pour les chaines TV locales, s’accompagnant souvent d’horreur en tout genre. De l’humour noir est au rendez-vous et illustre bien le ton et l’ambiance sordide dans laquelle on nous invite.
On a à faire ici à un personnage bien sombre et qui ne manquera pas de nous faire rappeler que son cynisme est son arme de prédilection. Jake Gyllenhaal incarne Lou Bloom, un voleur de nature qui tâchera de faire évoluer sa passion tout d’abord à travers ses discours.
Il en tirera de meilleure leçon à travers ses erreurs et atteint rapidement le sommet grâce à son intelligence diabolique et de son côté manipulateur irréfutable.
On peut affirmer que l’acteur détient l’une de ses meilleures prestations. Et comme le film s’axe essentiellement sur cet antihéros captivant, cela vaut le détour.
Ce film nous fait réaliser toute l’ampleur de la médiatisation dans une ville engrené par la violence et l’inconscience. Los Angeles fait office d’exemple ici. L’objectif de Bloom nous place d’office parmi les spectateurs des désastres visités. Mais sa manière de procédé pour obtenir des scoops est sans limite. Nous avons conscience de tous les faits, mais ce que filme ou invente Bloom a de quoi nous déstabiliser.
Sa relation avec une direction d’information Nina Romina est un régal. D’une part parce le conflit qui règne est le moteur principal de son évolution, et d’autre part, cette liaison semble à la fois bénéfique et dangereuse pour chacun des protagonistes.
Il en va de même, dira-t-on, avec son jeune assistant Rick. Petit à petit manipulé, ce jeune crédule à la recherche d’utilité se voir rapidement piégé dans la roulette et le quotidien de Bloom. Sa présence aura de quoi nous déstabiliser jusqu’au dénouement, car si le spectateur devait s’identifier, ce serait bien en Rick.
Quant à James Newton Howard, il aura bien fait de créer une immersion bluffante, qu’on le comparerait presque avec « Drive ».
Tout ça pour dire que « Night Call » est chaudement recommandé. On embarque à coup sûr pour un divertissement et une réflexion dont on ne regrettera pas l’issue !