La seule chose qui peut stupéfier d'avantage que le nightcrawler campé par Jake Gyllenhaal au sortir de ce film, c'est le fait que la très "objective" et "juste" Académie des Oscars ait pu trouver au moins 5 meilleures perfs en premier rôle masculin sur les 12 derniers mois. Mon impatience de pouvoir scruter Brad-le-boy-scout qui shoote de l'afghan, Steve Carell et sa maquilleuse maltraiter des lutteurs olympiques et Julien Lepers voler à Broadway pour Inarritu n'en sort qu'accrue.
Mais pour en revenir au nightcrawler, la claque est là, la prestation de Gyllenhaal est plus qu'ahurissante (Il est habité), et le personnage sociopathe/arriviste de Lou, qui fait le sel du film au moins autant que celui de Travis fit le sel de Taxi driver, est très brillamment écrit, pensé et inséré dans notre contexte d'age d'or pour les médias fast food, et de triomphe de la fin sur les moyens.
Gilroy réussit un tour de force incroyable: au-delà de la réussite épatante de sa première réalisation (avec un budget court, mais on dirait même pas, tellement qu'c'est propre, et tellement qu'en fait l'argent c'est secondaire en cinéma quand on a des idées) le propos est percutant et incisif sur le barnum vil et cynique qu'est la lobotomisante télé moderne, et tout particulièrement les chaines dites ""d'info"". Le personnage de Renée Russo est d'ailleurs finement écrit (madame Gilroy herself, qui en profite au passage pour prouver que sa classe échappe aux règles du temps).
Bref Gyllenhaal remporte mes suffrages, et ce "Night call" est un très bon film , qui soulève son lot de problématiques pertinentes.