Teenage Mutant Samouraï Turtles
Bon avant de commencer, autant le dire d'emblée : cette critique ne contient pas une once d'objectivité. Maintenant qu'on a mis ça de côté, on peux y aller.
Cela fait déjà quelques années que j’éprouve un certain regain d'intérêt pour les Tortues Ninja, en apprenant qu'il s'agissait à la base d'un comics bien sanglant rendant un hommage parodique aux comics ultra-violents de Frank Miller, j'ai été curieux et j'ai décidé de jeter un œil au matériau d'origine, bien éloigné du dessin animé édulcoré qui avait tout de même bercé mon enfance.
Ça fait donc un moment que j'attends une nouvelle adaptation des Tortues Ninja, que j'espérais plus violente, comme beaucoup j'ai jubilé quand le projet à commencé à se concrétiser, et comme beaucoup j'ai été très vite refroidi quand le nom de Michael Bay s'est ajouté à la production. Même s'il n'est pas derrière la caméra, j'avais un peu peur qu'il interfère avec la vision du réalisateur. Concernant ce dernier, je n'avais vu de son travail que Battle : Los Angeles, un film de Science-Fiction qui m'a fait mourir de rire par son patriotisme à faire pâlir Independance Day mais dont les scènes d'action restaient malgré tout relativement efficaces. Un nanar haut de gamme en somme (à distinguer du navet devant lequel on s'ennuie : devant un nanar, on se marre, même si bien souvent ça n'est pas l'objectif initial du film).
Donc j'ai prit mon mal en patience jusqu'aux premières images qui m'ont un peu rassuré : le repaire dans les égouts bien crade, le célèbre van, etc... Puis sont arrivées les bandes-annonces, révélant le nouveau look des tortues. Je dois dire que j'étais partagé là dessus, autant je n'ai rien contre la volonté de distinguer les quatre frères et je dois admettre que j'apprécie plutôt leur nouveau look global, parsemé de vêtements déchirés et de protections de fortune (même Donatello avec son attirail sur le dos, ça m'évoque furieusement Ghostbusters donc je marche), autant, comme pratiquement tout le monde, j'ai beaucoup de mal avec leurs visages, notamment les lèvres surdimensionnées et le nez aplatit. Leur gabarit complètement disproportionné m'inquiétait également : à la base elle font à peine 1M50 et surtout c'est supposé être des Ninjas, qui se battent avec souplesse, là leur aspect évoque plus d'imposants Samouraïs sous stéroïdes. Et Shredder qui est justement censé rappeler un Samouraï passe carrément au statut de mecha. Ça laissait présager le pire pour la fluidité de mouvement.
Mais les trailers qui ont suivis semblaient indiquer un relatif respect de l'esprit global de la franchise, donc j'ai décidé de vérifier ça par moi-même. Après visionnage du film, voilà donc où on en est :
-Tortues ayant évolué grâce à un mutagène alien : CHECK
(parce que oui, le mutagène avait une origine extra-terrestre dès le tout premier comics, je les soupçonne d'avoir vraiment envisagé d'en faire littéralement une race alien mais ils n'ont pas fait cette erreur dans la version finale)
-Splinter en mentor sage mais redoutable : CHECK
-Leonardo en leader charismatique : CHECK
-Raphaël en brute de service qui s'énerve pour un rien : CHECK
-Donatello en génie inventeur de gadget absurdes : CHECK
-Michael-angelo en irrécupérable déconneur immature : CHECK
-Shredder impressionnant qui leur fout une branlée s'ils ne l'affrontent pas en équipe : CHECK
-Scénario solide : CHEeeepas vraiment, ok, mais honnêtement on s'en branle. C'est du prétexte à l'action et ça remplit son rôle.
-Scènes d'action impressionnantes avec une certaine fluidité de mouvement des personnages : étonnamment CHECK
-Clin d’œil à Usagi Yojimbo : probablement involontaire, mais CHECK
Honnêtement, dans l'ensemble, on a tout ce qui définit l'essence des Tortues Ninja, faut être de mauvaise foi pour affirmer le contraire (ou plutôt baser son avis sur un sentiment de nostalgie aveugle vis-à-vis des dessins animés de notre enfance, qui étaient excellents, je l'admets, mais dans notre enfance, justement. Nous on a grandi, et la jeune génération n'a plus les mêmes codes qu'à l'époque). Chaque tortue à son moment de gloire, l'importance de la famille est toujours au cœur du récit. L'essentiel y est.
Alors bien sûr le film a ses défauts : à commencer par le visage des Tortues, même si on fini par s'y faire, faut reconnaître qu'ils n'ont pas forcément été inspiré sur ce point là. À titre personnel j'ai aussi détesté le fait que les Tortues aient la force de Hulk, soient insensibles au balles et soient EN PLUS capables de les arrêter avec leurs armes. Le syndrome Star Wars du sabre laser qui bloque les tirs ça va bien pour les Jedi mais des réflexes pareils c'est un peu trop abusé je trouve. Bref des Tortues un peu trop surpuissantes à mon goût. À titre personnel je leur ai toujours prêté les aptitudes de Ninjas surdoués, mais là ça tiens plus du super-pouvoir. J'ai également un peu tiqué sur la manière dont Splinter a maîtrisé le Ninjutsu mais honnêtement sur ce point c'est le fan hardcore qui parle, et l'explication d'origine n'est pas moins absurde que celle donnée par le film. Un poil déçu également par le temps à l'écran du célèbre van, très réussi, mais dont la présence tiens plus du clin d’œil (il ne sert à rien dans l'intrigue et chaque seconde de sa présence dans le film était dans les bandes-annonces).
J'ai longtemps eu peur que Shredder rejoignent aussi les points négatifs mais au final j'ai été plutôt satisfait : malgré l'armure complètement abusée, il se bat avec force ET vitesse/dextérité. En dépit de ses dimensions aberrantes, ça tiens plus de la combinaison de Crysis qui booste les capacités que du Mecha bien lent qui compense son manque de vitesse par sa force. Et puis bon, hein, soyons honnête, le costume violet à paillette tiré d'un magasin disco qu'il arborait dans le film de 1990, c'était pas le summum de la classe non plus. Je garde encore une certaine nostalgie pour le premier film mais cette tenue ornée d’ouvre-boites n'était clairement pas son point fort. Ici il en impose, sans doute trop, mais il défonce tout ce(ux) qui se met(tent) en travers de son chemin, et au fond, c'est tout ce qu'on lui demande.
April O'Neill diverge eu peu aussi du personnage de base mais rien de bien méchant, sa relation avec les tortues a des origines un peu différentes mais globalement le personnage reste similaire. Je ne peux pas dire que j'apprécie beaucoup cette actrice mais elle remplit à peu près son rôle.
La présence de Karaï m'a plutôt surpris, le choix de la production de prendre une actrice mature au lieu de saisir l'occasion de caser une ado sexy m'a davantage surpris encore, dans la mesure où c'est le genre de conneries qu'ils font souvent pour attirer du public. Mais au final son rôle est peu développé donc encore une fois ça tiens plus du clin d’œil.
Dans l'ensemble on a donc un film d'action décérébré qui ne se prend pas au sérieux, a conscience de ses incohérences et absurdités (n'oubliez pas qu'à la base le choix des tortues pour incarner des Ninjas c'était déjà du foutage de gueule, donc au final ce film ne fait qu'enfoncer le clou avec une certaine légitimité), ça lâche les vannes au même rythme que les coups de tatane et l'ensemble comporte pas mal de scènes d'action d'anthologie, que ce soit la course-poursuite dans la neige, le combat de Splinter ou celui des quatre frères face à Shredder. Bref, globalement satisfait par ce blockbuster qui ma ramené à l'âge de 7 ans pendant 1H40 (et sans doute également le temps d'écrire cette critique vu la note complètement subjective que je ne manquerais pas de lui mettre), globalement ce qui m'aura le plus dérangé c'est de repartir avec un morceau de rap en tête.
