Nixon
6.7
Nixon

Film de Oliver Stone (1996)

Après le fantastique thriller politique JFK, Stone s'attaque à un biopic plus conventionnel, mais pas moins intéressant, celui de Nixon, l'un des présidents les plus détestés de l'histoire américaine. Mais ici pas de manichéisme, et il ne faudra pas moins de 3h30 (vu en director's cut) pour dresser un portrait satisfaisant de Tricky Dick. On commence par le Watergate, et on déroule la bobine vers le futur et vers le passé en alternance, les évènements de l'un venant trouver leur résonnance dans ceux de l'autre.

Ainsi Nixon est avant tout un présenté comme un self-made man, issu d'un milieu modeste et n'ayant pas l'héritage d'une famille déjà bien ancrée dans le paysage politique américain. Il est à la fois fier de son passé, mais l'utilise aussi comme excuse pour justifier certains de ces manquements. Il n'en reste pas moins un idéaliste, se comparant souvent à Lincoln, qui face aux échecs successifs de 1960 et 1962 décidera de se mettre un terme à sa carrière, pour les beaux yeux de Buddy. Mais Stone, partant du postulat que le complot révélé dans JFK est parfaitement ancré dans la réalité, fera intervenir les forces extérieures qui placeront Dick sur la route présidentielle, effaçant par là-même son libre arbitre par la présentation successive des entités réellement régentes des USA (Hoover et le FBI, la CIA, les lobbys pétroliers…). Nixon n'est plus qu'un pantin, pensant toujours œuvrer pour le bien de ses compatriotes, mais commettant des crimes irréparables : prolongation du Vietnam par fierté, reconnaissance de Mao, écoutes illégales, bombardement du Cambodge et de Hanoi, couverture de ses agents datant de sa vice-présidence sous Eisenhower… La liste de ses exactions est longue, et le Watergate n'en est que le préambule.

Mais malgré tout, on s'attache à ce personnage, car par sa narration maîtrisée, Stone en fait quelqu'un de résolument palpable et compréhensible, un roc de résolution qui ne s'aperçoit pas de ses fourvoiements, un homme qui se juge juste mais dont la paranoïa en fait l'un des grands monstres du 21ème siècle. Et qui mieux que Hopkins pour traduire cette dualité.

Le film est imparfait, surabusant souvent de ses effets photographiques, plaçant lourdement sa caméra en surveillance, planquée et épiant des conversations secrètes. Mais son rythme, son cast et son matériau en font une œuvre passionnante, différemment d'un JFK, et avec bien plus de recul qu'un W.

Frakkazak

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