Pour Masafer Yatta
Ce film a été réalisé par un collectif palestino-israélien de quatre jeunes militants comme un acte de résistance créative sur la voie d'une plus grande justice.Lui attribuer des étoiles n'a aucun...
le 18 nov. 2024
18 j'aime
Quitte à aborder un sujet qui fâche : autant y aller à fond, et parler du sujet d'abord. Une fois n'est pas coutume, cette critique sera un pamphlet, lecteur, te voilà prévenu.
Les images du film sont prises sur le vif, montrant l'oppression colonialiste israélienne. Autant dire qu'on ressort de la séance fâché, dégoûté. Parce que ça se passe actuellement.
Israël désinforme massivement sa population, censurant à tour de bras tout ce qui pourrait contredire le gouvernement, et applique une politique coloniale dans tout ce qu'elle a de plus horrible, le tout dans l'indifférence des nations. L'Europe prend des sanctions économiques contre la Russie, mais quid d'Israël qui s'assoit sur le droit international? Jusqu'à il y a peu, évoquer la question en France était prendre le risque de se faire accuser d'antisémitisme, ce qui, quand on y songe, est aussi idiot que d'accuser quelqu'un d'être anti-orthodoxe parce qu'il condamne l'attitude de la Russie face à l'Ukraine. Des entreprises ont des intérêts commerciaux, devenant de facto complices d'un crime contre l'humanité (la liste est consultable grâce à l'action de BDS). La présence d'entreprises françaises expliquerait-elle la position du gouvernement? (critique écrite quasiment en même temps que tombait la nouvelle de sanctions prévues contre Israël par le Royaume-Uni, le Canada et la France. Bravo!)
En 1948, les états occidentaux actent la création d'Israël sur les terres palestiniennes, niant le droit de ceux qui occupaient alors la terre, déclenchant un exil massif. Aujourd'hui Israël, sous la houlette d'un gouvernement ultra nationaliste, poursuit une politique coloniale extrêmement virulente, dont les images sont disponibles pour qui le souhaite. La position du gouvernement c'est : exterminer si possible le peuple palestinien, sinon le contraindre à l'exil, afin d'arriver à la "pureté raciale", invoquant pour cela la sécurité nationale (espace vital). Cela devrait alarmer rien que par la manière dont cela résonne avec des événements antérieurs du XXème siècle.
Maintenant que j'ai fâché une grande part de mes (rares) lecteurs, parlons du film : la grande force du film est donc de montrer les images filmés par des habitants des villages ciblés par l'armée israélienne. Il est vain, sans doute, de parler des qualités cinématographiques d'une telle œuvre, citons toutefois, parce que l'image m'a frappée, le plan sur les habitations troglodytiques ancestrales, puis sur les lotissements sans âme des israéliens, aux maisons neuves identiques, montrant comment ils se sont artificiellement greffés au paysage. Les colons sont des nouveaux venus qui entendent bien extirper les palestiniens de la région, organisant avec la complicité de l'armée, si ce n'est son soutien, des ratonnades (c'est le mot juste, décidément), parfois avec des armes de guerre, puisqu'il s'agit d'éliminer un nuisible, il ne saurait y avoir crime. Le bâtiment est au cœur de ce combat inégal, les bulldozers détruisant le jour sous la protection de l'armée, tandis que les villageois tentent de rebâtir, de nuit.
Un mot de la séquence où la jeune fille, en chemin pour l'école, commente ce qu'elle voit en ponctuant : cela existe. Fureur de vivre avant tout, mais crainte que tout cela ne disparaisse un jour, gommé à tout jamais par les bulldozers. Sans doute la plus belle scène du film, peut-être la plus poignante. Comme une fleur au milieu des décombres, la vie émerge de l'horreur.
Une séquence avec Tony Blair interroge particulièrement : les israéliens n'osant pas détruire l'école que le premier ministre britannique avait visitée, ni les rues qu'il avait arpentées. Petit résultat pour une petite visite : mais qui montre que jouer un rôle est possible? La passivité des gouvernements n'en apparaît que plus impardonnable.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2024, 2025 en films et Les meilleurs films des années 2020
Créée
le 20 mai 2025
Critique lue 46 fois
4 j'aime
5 commentaires
Ce film a été réalisé par un collectif palestino-israélien de quatre jeunes militants comme un acte de résistance créative sur la voie d'une plus grande justice.Lui attribuer des étoiles n'a aucun...
le 18 nov. 2024
18 j'aime
Il n’est pas question ici de religion ni de politique, mais de justice injuste, de loi illégale.Et ceci n’est pas une opinion, ce sont des faits documentés.Il n’est certainement pas question non plus...
Par
le 19 avr. 2025
14 j'aime
6
Excellente démonstration et un documentaire bien embarrassant pour tous ceux qui croient encore que les palestiniens ne sont que des terroristes assoiffés de sang et de vengeance. Yuval Abraham...
Par
le 25 nov. 2024
10 j'aime
2
Avec un sujet pareil, on se doute que L'étoffe des héros va jouer la carte du patriotisme. Sauf que, oui et non. Car le patriotisme du film est parasité d'emblée. Par le contrepoint formé par les...
Par
le 15 oct. 2025
10 j'aime
3
En voyant pour la première fois La cérémonie, je ne peux que constater la similitude avec Parasite : certainement Bong Joon-Ho aura trouvé ici son inspiration. Mais La cérémonie a pour lui une grande...
Par
le 21 août 2025
10 j'aime
6
Le vieux fusil, j'ai du mal je l'avoue avec cette structure en flashback, qui nuit à l'efficacité très série B de la partie vengeance du film. Reste que Noiret y est impérial. Concernant ces très...
Par
le 24 sept. 2025
10 j'aime
17