Du cinéma indépendant qui évolue (assez) habilement entre la marginalité des "homeless" dont le film se veut le centre de gravité et un discours plutôt apolitique tant il passe sous silence des questions sociales ainsi qu’idéologiques que la cinéaste ne semble pas trop savoir comment aborder frontalement. Il en résulte un film de studio prompt à séduire autant le cinéphile avide de contemplation et d'introspection que le spectateur occasionnel attiré par la grosse machinerie médiatique promotionnelle qui n'eut de cesse de l'amadouer sur les particularités du film (seconde femme oscarisee de toute l'histoire, première d'origine asiatique, l'imaginaire westernien des grands espaces américains et ainsi de suite). Le résultat final est sans doute un poil trop linéaire (certains pourraient dire consensuel, pour une (rare) fois je ne serais pas de ceux la) et n'évite pas quelques maladresses.


Pour autant il faut reconnaitre qu'il esquisse un bel hommage au prolétariat en usant jamais de condescendance factice et sait emouvoir grace a des situations ainsi qu'avec des personnages magnifiquement interprétés. L'actrice principale, également productrice avec la cinéaste, est d'une touchante et sincère sobriété et porte sur ses épaules toute la subtilité d'une femme brisée par les épreuves. Aucune performance ostentatoire et misérabiliste si chères aux statuettes dorées, a tel point qu'on en vient à douter de sa célébration. Le reste du casting lui emboîte parfaitement le pas, autant du coté des quelques comédiens professionnels que des amateurs, et la musique ainsi que la mise en scène accompagnent avec discrétion et réussite la beauté de l'ensemble. Un bel exemple de cinéma populaire et fédérateur, dans la meilleure veine du cinéma hollywoodien engagé

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le 20 juin 2021

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