Une curiosité qui n’est pas dénuée d’intérêt.

Le professeur Paris Catalano (Christopher Plummer), un chasseur de vampires, se rend à Venise, ville où Nosferatu (Klaus Kinski) est apparu pour la dernière fois pendant le carnaval en 1786. Catalano suppose que Nosferatu désire mettre fin à sa vie immortelle, mais un vampire ne peut mourir que si une femme vierge lui accorde son amour…

Le producteur Augusto Caminito, désireux de surfer sur le succès du « Nosferatu » de Werner Herzog, lança la production d’une suite officieuse. Mais en réalité, « Nosferatu à Venise » n’a aucun rapport avec le film d’Herzog, si ce n’est le nom du vampire et la présence de Kinski. Celle-ci fut d’ailleurs à l’origine d’un tournage chaotique et d’un désastre financier, bien résumé sur le site Vampirisme.com :

« Dans un premier temps, deux réalisateurs, Maurizio Lucidi et Pasquale Squitieri, se succèdent à la tête du métrage, avant même que le premier vrai tour de caméra n’ait lieu. Par la suite, la personnalité de Kinski, destiné à reprendre le rôle-titre, va bouleverser le parcours du film. L’acteur refuse d’emblée de reprendre le maquillage et le costume d’origine, préférant figurer le vampire sans artifice, en-dehors des canines. Ses accès de colère réguliers, et son refus de se soumettre aux demandes des réalisateurs, sont responsables de la défection de Mario Caiano, qui avait pris la suite de ses deux prédécesseurs. C’est finalement le producteur lui-même, Augusto Caminito, qui prend en main la réalisation, secondé par Luigi Cozzi. Dans sa biographie, Kinski revendique également la direction de certaines scènes. »

Ce tournage houleux et les caprices hallucinants de Kinski expliquent le caractère décousu et souvent peu compréhensible du scénario. Le film prend d’ailleurs de grandes libertés avec la figure du vampire, qui ne craint ici ni la lumière du jour, ni les croix qu’on lui oppose. Sans parler de l’idée curieuse selon laquelle Nosferatu ne peut mourir que si une femme vierge lui accorde son amour.

Cela dit, Nosferatu à Venise reste une curiosité qui n’est pas dénuée d’intérêt. Car malgré plusieurs séquences franchement nanardesques et un scénario déficient — ce qui justifie sa chronique sur le site Nanarland — le film comporte aussi de très beaux passages, portés par une photographie réussie, notamment dans l’exploitation visuelle de la ville de Venise, omniprésente.

« Nosferatu à Venise est ce que l’on pourrait appeler un nanar intermittent, mêlant inspiration et confusion, poésie visuelle et esthétique ridicule. Sans queue ni tête, assaisonné d’une bonne dose de Kinski, parfois réussi, parfois grotesque, cette histoire de vampirisme vénitien est une sorte de prototype du film malade, dont on reste encore étonné de constater qu’il a un début, un milieu et une fin. (…) Une véritable perle pour les amateurs de films d’horreur inaboutis et bizarroïdes, ainsi qu’un régal pour les Kinskiphiles. Indéniablement raté, parfois soporifique, parfois saisissant, parfois amusant, complètement atypique.» (Nanarland)


Jean-Mariage
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le 4 oct. 2025

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