Nous avions presque oublié cet affreux groupe d’amis prétendument amis – car d’amis ils n’ont que le titre, qu’ils rappellent à tout bout de champ –, mais Guillaume Canet remet le couvert avec Nous Finirons ensemble, sorte de pot-pourri de tout ce qui constituait autrefois les ingrédients indigestes des Petits Mouchoirs. La recette n’est guère mieux, mais le rendu, lui est pire. Car prendre les mêmes et recommencer ne suffisait pas, il fallait exacerber le ton, amplifier les meurtrissures : l’une est devenue alcoolique et jette des boîtes de conserve sur des voitures à grand renfort d’insultes, l’un a la dépression méchante et s’emporte dans des vitupérations inaudibles et ridicules. Entre eux deux, une bande de bras cassés campée par des acteurs en roue libre. Une relation homosexuelle invraisemblable, des crises à table, du saut en parachutes… Tout est gris, monochromatique. Laid.
Surtout, nous percevons bien là l’incapacité de Guillaume Canet à voiler la profonde méchanceté de son regard sur les personnages mis en scène : oscillant sans cesse entre la niaiserie gluante et la plus froide cruauté, le ton général manque cruellement de justesse et délivre une vision de l’amitié qui ne régale que la petite équipe ici formée, guère le spectateur qui s’ennuie ferme. À mesure que passent les minutes, entre deux vacheries, nous nous demandons ce que nous faisons là, assis devant un triste spectacle qui ne nous est visiblement pas adressé. La réalisation enchaîne les plans hideux sur un rythme monotone. Et la fatalité inhérente au titre du film aimerait conférer à l’ensemble une lucidité sur les relations humaines contemporaines ; en lieu et place, c’est un regard vaniteux et désabusé qui se laisse voir.
Pauvre Guillaume Canet. Pauvre amis. Tout le monde il est égoïste, tout le monde il est méchant. D’accord. Mais à ce prix, des séances chez le psy suffisaient. Prendre en otage le cinéma est la meilleure façon de ne pas en faire.