Moteur, moteur, moteur, MOTEUR !!!!!

À la sortie de la projection à Cannes, un critique ciné plutôt connu (Simon quelque chose) expliquait ne pas savoir s'il aimait ou détestait le film, mais il donnait l'impression d'avoir détesté et de considérer le film comme le pire film de l'année, comparable à un nanar.Entendre cela m'avait énervé.

Et je suis encore plus énervé qu'en sortant de NOUVELLE VAGUE, j'étais devant un de ces films qui met en scène la création, qu'est ce que la création, l'expression créative.

Richard Linklater fait jouer des personnages de fiction comme s'ils étaient là réalité. On n'est pas face à un faux documentaire ou une parodie. En fait on est devant un film de cinéphile qui décide d'utiliser jusqu'au le même expressionisme, les mêmes codes de création de Godard. On se retrouve devant un film où l'on s'amuse. D'abord on est déconcerté par l'approche, qui paraît froide et distante, et au fur et à mesure nous voici amusé, pris dans cette effervescence. On rit de la façon de tourner de Godard, et de ne pas tourner.

Un ami racontait que l'on pouvait voir Godard comme un Ed Wood ou plutôt comme quelqu'un de semblable à Ed Wood: quelqu'un capable d'embarquer les gens dans son aventure, faire un film sans se soucier des règles basiques de réalisation et de réussir à faire un film pas comme les autres mais acclamé (après tout Ed Wood est devenu une référence et est depuis acclamé).

Mais ce qui est bien c'est comment est traité Godard dans le film, on le montre comme le héros ou l'anti héros à contre courant des conventions. Il est détesté par tous au début (notamment par ceux qui se réclament vouloir changer les choses dans le cinéma mais rejette toutes nouvelles formes de création). Comparé d'abord par les plus grands noms du cinéma (Otto Préminger, Roberto Rossellini, et dans une certaine mesure à ses camarades Chabrol, Rhœmer, Truffaut) pas pour son génie mais par mépris (blague), il amuse ensuite, déconcerte, mais par sa liberté de toujours aller à contre courant, il remporte l'adhésion, finit presque par faire tomber la fille sous son charme (en l'occurence Jean Seberg qui change son regard sur ce drôle de personnage). 

On peut saluer le travail de casting réalisé par Richard Linklater qui a trouvé les comédiens parfaits, jaillissant à l'écran plus comme des sosies mais comme l'équipe du film de l'époque qui se révèlent.

Nous sommes devant un film enthousiaste et emportés par cette vague nous adhérons. Nous adhérons à cette liberté créatrice.