Nouvelle Vague offre une immersion fascinante dans le cinéma français des années 1960, et plus particulièrement dans la genèse de À bout de souffle, premier long-métrage de Jean-Luc Godard. Le film réussit brillamment à reconstituer l’effervescence créative de l’époque, en mettant en lumière non seulement les grands noms (Truffaut, Chabrol, Belmondo, Karina…), mais aussi les artisans méconnus – techniciens, assistants, figurants – qui ont contribué à forger ces chefs-d’œuvre du cinéma. Cette approche, ambitieuse et généreuse, permet de comprendre comment une révolution artistique a pu émerger de manière aussi collective et chaotique.
Pourtant, cette profusion de personnages, aussi historiques soient-ils, finit par noyer le récit. Pour un public non initié, il est difficile de s’attacher à ces visages et à ces noms qui défilent sans toujours être clairement situés. Le film oscille alors entre fiction captivante et documentaire un peu trop didactique, sans toujours trouver le bon équilibre.
Autre écueil : le portrait de Godard, interprété par Guillaume Marbeck. Si l’acteur lui ressemble étrangement, son interprétation d’un Godard arrogant, méprisant et insupportable (fidèle à ce qu’on sait de lui, certes) plombe littéralement l’ensemble. Difficile de s’attacher à un protagoniste aussi antipathique, même si c’est probablement le but. Dommage, car cela détourne l’attention de ce qui fait la richesse du film : la création artistique elle-même.
Enfin, un détail m'agace : la omniprésence de la cigarette. Oui, à l’époque, tout le monde fumait – mais voir des personnages fumer en chaîne pendant deux heures semble aujourd’hui dépassé. Un choix de mise en scène qui, sans être anachronique, aurait pu être plus mesuré sans trahir l’esprit de l’époque.
Heureusement, le casting est une réussite : les acteurs ressemblent étrangement à leurs modèles, et cette fidélité physique ajoute une couche de réalisme envoûtant. Quand le film se concentre sur la fabrication de À bout de souffle, il devient passionnant, presque jubilatoire – on y sent l’urgence, la détermination et le génie improvisé qui ont marqué la Nouvelle Vague.
En résumé : Un film intéressant et bien documenté, mais qui pêche par excès – trop de noms, trop de fumée, et un Godard trop insupportable pour emporter totalement l’adhésion. Une œuvre qui mérite d’être vue, surtout par les cinéphiles, mais qui aurait gagné en fluidité et en accessibilité.