I killed her.
Premier véritable film "classique" de Brian de Palma, "Obession" permet au futur metteur en scène de "Scarface" de rendre un bel hommage au maître du suspense Alfred Hitchcock, à travers un scénario...
Par
le 8 oct. 2013
24 j'aime
4
Support: Bluray
Attention, des spoilers hantent cette critique. Si toutefois vous avez déjà vu Vertigo, vous pouvez y aller sans crainte, c’est la même chose.
On le sait que Brian De Palma est un gars qui pense à des plans avant de penser à des films. Un réalisateur obsessionnel qui peut partir une séquence en tête et brode autour, avec parfois une certaine réussite (Snake Eyes), parfois un échec cuisant (Femme Fatale). C’est également un cinéaste qui a du mal à se départir de son maître à penser le cinéma : Hitchcock. Il n’a donc pas pu s’empêcher de faire sa propre version de Vertigo, ce qui au vu de la notoriété de l’original est plutôt osé. Mais comme il le révèle en interview, l’objectif n’était pas de rendre hommage mais de gommer les imperfections. C’est une ambition assez vaine, d’autant plus quand on voit le résultat final…
Quel est l’intérêt de revisiter l'œuvre du Master of Suspense? Une œuvre qui a marqué le medium et donc l’inconscient collectif, et dont le pot aux roses est logiquement connu du plus grand nombre. Une œuvre dont le manque de crédibilité du scénario faisait déjà partie des reproches qui lui étaient attribuables, mais qui tirait son épingle du jeu par tous ses autres aspects formels. Je n’en vois pour ainsi dire aucun.
Le twist est éventé d’office lorsque l’on connaît le modèle, mais même sans ça, les indices laissés à côté sont vraiment trop gros : de la fresque qui en cache une autre (subtil) peinte par Bernado Daddi (Daddi… Vous l’avez? C’est trop subtil?), à un trio de kidnappeurs où l’on ne voit qu’un duo sortir avec un paquet de couvertures, en passant par la similitude entre l’église florentine centrale et le caveau familial, tout est tellement cousu de fils blancs que l’on se demande si Obsession peut vraiment être qualifié de thriller. Ajoutez à cela un plan de fausse monnaie à rançonner complètement débile, et le personnage fadasse, Max, campé par Cliff Robertson que l’on aimerait nous faire paraître séduisant alors qu’en réalité, ses longs regards muets et son âge avancé ne le rendent que gênant et empêche de croire un seul instant que la jeune Geneviève Bujold pourrait tomber sous son charme. Rien ne fonctionne dans la narration, et on s’y ennuie même tant le tempo est léthargique.
Non, s’il y a bien une chose à sauver de Obsession, c’est la qualité technicienne de son auteur. Il fait usage de toute la palette disponible d’instruments et outils pour servir le sensoriel. Et encore… D’une image diffuse à différents degrés pour à la fois marquer l’ellipse temporelle et le côté onirique des errements de Mike, on notera tout de même la laideur globale que cela apporte. De l’usage d’une lentille bifocale pour avoir deux vecteurs de mise au point dans un même plan afin d’isoler le personnage tout en gardant une netteté sur son interlocuteur, on retiendra que ça ne fait que marteler l’évident. De la musique de Bernard Herrmann, très belle au demeurant, on ne se souciera que de sa surprésence, envahissant chaque minute du film.
De Palma se vautre dans son exercice stylistique, et oublie que le langage cinématographique ne se suffit pas à lui-même, qu’il est censé être un support pour communiquer des émotions, des sensations, des histoires prenantes ou suscitant la réflexion. Comme tout langage, il doit s’adresser à quelqu’un. Ici, De Palma ressemble à un gamin qui a entendu plein de nouveaux mots à l’école mais dont il ne maîtrise pas le sens: il les recrache sans leur donner de contexte et livre un charabia imbuvable. Pourtant, je suis habituellement plutôt client du bonhomme.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de Brian de Palma, Les meilleurs films de 1976, Les meilleurs films avec John Lithgow, La Fracassante Filmothèque de Frakkazak et On regarde quoi en 2024? (Films)
Créée
le 6 juin 2024
Critique lue 13 fois
Premier véritable film "classique" de Brian de Palma, "Obession" permet au futur metteur en scène de "Scarface" de rendre un bel hommage au maître du suspense Alfred Hitchcock, à travers un scénario...
Par
le 8 oct. 2013
24 j'aime
4
Franchement beaucoup plus dispensable que les autres De Palma. Très tiré par les cheveux, peu crédible, moins travaillé d'un point de vue formel. Quelques passages un peu malsains assez intéressants,...
le 19 juin 2013
14 j'aime
1
Un thriller romantique et tragique qui est aussi le plus bel hommage que Brian de Palma pouvait offrir à son maître, Alfred Hitchcock. Un richissime homme d'affaire, Michael Courtland, voit sa femme...
Par
le 5 juil. 2010
12 j'aime
Je dois admettre qu’au vu de l’affiche et du titre, il y avait peu de chances pour que je sois le public. Mais à y regarder de plus près, à y voir Sony Pictures Animation et des premiers retours...
Par
le 26 juin 2025
38 j'aime
8
Alors qu’à chaque nouvelle itération de la formule qui trône comme l’une des plus rentables pour la firme française depuis déjà quinze ans (c’est même rappelé en lançant le jeu, Ubisoft se la jouant...
Par
le 10 oct. 2023
22 j'aime
2
Il était couru d’avance que Brave New World serait une daube. De par la superhero fatigue qu’a instauré la firme de Mickey par l’amoncellement de produits formaté sur les dix-sept dernières années...
Par
le 10 mars 2025
20 j'aime
7