Oliver et Compagnie
6.3
Oliver et Compagnie

Long-métrage d'animation de George Scribner (1988)

Dans la liste des associations qui devraient me plaire sur le papier, on pourrait noter Billy Joel et Disney. D'un côté une star de la pop connue depuis 1973, compositeur d'un certain nombre de tubes hyper bon que j'ai redécouvert ces dernières années comme Pressure ou My Life, de l'autre une industrie de dessin animé connue pour ses films comptant des chansons. Et pourtant, associé, bah, je trouve ça complètement plat : il n'y a qu'une seule chanson mémorable ("why should i worry") et niveau musical c'est pile ce qu'on attend d'une production des années 80, ni plus ni moins.


Alors, certes, historiquement, c'est un peu cette association qui a donné envie à Disney de refaire des films musicaux, chose qu'ils n'avaient plus fait depuis... Les Aristochats, peut-être ? Et c'est un peu grâce au relatif succès public de ce film qu'on a eu droit aux tubes des films suivant (et même les films suivant tout court). Pourtant en checkant les compils ou les karaokés Disney j'ai pas vraiment le souvenir de voir quelqu'un chanter du Oliver et Compagnie.


Et tout est un peu comme ça dans ce film : j'ai l'impression que tout ce qui pourrait être chouette tombe à plat et n'est qu'au mieux "sympathique" sans jamais atteindre le moment où je vais trouver ça. Après, j'avais l'album Panini enfant et j'en ai collectionné les cartes durant une grande partie du CE1 du coup j'avais l'impression d'avoir vu certaines scènes par-ci par-là. Le film avait beaucoup marché en France, suite à une promo d'enfer, les disques d'Anne et des salles qui étaient plus frileuse à programmer le Don Bluth, laissant un boulevard à Disney.


Oui, car à l'époque, Don Bluth avait laché la grosse artillerie et en face on avait Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles qui mis à côté est... plus beau. Ajoutez à cela que la même année niveau dessin animé on a eu Qui veut la Peau de Roger Rabbit... (Et les japonais avaient eu droit à Akira, Totoro et le Tombeau des lucioles, mais ça, les occidentaux mettront dix ans à le savoir.) A côté de toute ça le Disney de l'année, avec son utilisation des images en Xerox, ses décors d'arrière plans effacés et ses personnages clichés... il fait un peu pâlichon. Il y a bien le début de l'image de synthèse (déjà initié sur Basil, Détective Privé) dans certains plans (dont un traveling au piano pas dégueux) mais c'est encore loin d'être le grand spectacle.


Idem pour le projet de base qui était un peu foireux dans le départ : Dickens c'est chouette, mais l'adapter dans le New York des années 80 c'est pas hyper pertinent surtout que ça donne des moments où le film tente d'être cool en parlant de son époque... mais n'y arrive pas. Je veux dire, le film fait est tellement dans le cliché du "salut les djeuns" qu'il y a littéralement.... un chien avec des lunettes de soleil. (Qui fait des faux high-five, mais j'en reparle plus bas.)


Le film possède de nombreux problèmes de production : budget raboté (suite à l'échec de Taram, merci Taram...) réalisteur qui meurt au début de la production du film, autre réalisateur renvoyé ... et on comprend pourquoi le film possède un certain côté bancal.


Il y avait dans l'idée de faire un film sur Penny de Bernard et Bianca qui a été changé au dernier moment (c'est pour ça qu'elle s'appelle Jenny et que c'est quasiment le même personnage) et on sent que ça pèse dans la côté mal foutu du projet. Oliver et Compagnie tente de rester dans une tradition de Disney du "film de chien" (cf La Belle et le Clochard ou Les 101 Dalmatiens) mais veut aussi faire une Bernard et Bianca où les animaux sont aussi intelligents que les humains et leurs viennent en aide.


Du coup, on est dans un entre-deux : on a des chiens qui sont tantôt considérés comme des animaux de compagnies dont on entendrait que les aboiements et tantôt personne ne s'étonne qu'ils agissent comme des êtres conscient, qu'ils fassent des exercices de stretching devant la télé, possèdent leur propre salle de maquillage ou puissent avoir la même intelligence qu'un homme de main. (En plus ils leur font bouffer de la glace et du chocolat : tout faux.)


Idem sur l'ambition de l'histoire : dans les films de chiens de Disney l'enjeu est pas souvent énorme (La Belle et le Clochard ont pour ennemi deux chats siamois et un rat d'égout) et super localisé. Mais ça marche parce que les héros sont juste des chiens et qu'on se met à leur niveau. Ou alors on a une Cruella qui est une menace incroyable parce qu'elle a une présence démoniaque. Or, ici, le méchant est un mafieux qui ne trouve rien de mieux à faire que de racketter un clochard. Alors, certes, c'est pour faire un renvoi à Oliver Twist, mais ça donne pas vraiment une impression de menace sérieuse, surtout qu'il est assez con pour rouler avec sa voiture sur les rails du métro.


D'ailleurs le renvoi à Oliver Twist est super maladroit sur le personnage de Fagin. Dans le livre original, c'est un homme qui exploite des enfants des rues en les poussant à devenir des pickpockets en échange d'un toit. Une figure ambigüe tantôt représentée comme un exploiteur, tantôt comme un homme qui aime les enfants, mais dont les actes le conduise à la prison. Or ici, c'est Disney, on peut pas faire dans l'ambiguité et on en fait littéralement un gentil clochard qui vit avec ses chiens et qui les pousse à voler par nécessité. Outre que ça lui donne des airs de punk à chien en manque de crack,le film sous-entend qu'il ne changera jamais et qu'au fond c'est dans l'ordre des choses qu'il reste dans la rue parce que bon... il est un peu roublard (et surement accro au jeu.)


Je suis super négatif sur le film, mais j'ai pas trouvé ça insupportable non plus : ça se regarde, certains gags visuels font mouche, Oliver est très mignon (à se demander pourquoi il avait pas été adopté avant) la meute de chien est assez rigolote, notamment le chien qui se prend pour un acteur shakespearien. Par contre Tito est infame : dans mon album Panini je le trouvais rigolo, mais lorsque je me suis aperçu que c'était une caricature de latino américain qui est petit, nerveux et dragueur ça m'a fait moins rire. Pour le reste ça va, y compris Georgette. Et surtout le film est assez peu ennuyant et reste sans trop de temps morts.


Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Pourquoi pas, mais c'est pas le plus urgent.


Possibilité de remake/suite : Y a jamais eu de 2, même pas dans un direct-to-dvd : a mon avis même chez Disney on savait que ça puait un peu du cul.


Le détail qui me titille : Pendant la chanson *"why should-i worry"*on peut apercevoir Pongo des 101 Dalmatiens, Jock, Peg et César de La Belle et le Clochard. Or, non seulement ces deux films se déroulent en Angleterre, mais ils ont lieu dans des années 60, ce qui signifie que ces chiens (et leurs rejetons) sont morts de vieillesse depuis longtemps.


Suis-je le seul ? A n'avoir JAMAIS trouvé cool le fait de faire semblant de faire un high-five à quelqu'un et à retirer sa main (ici sa patte) au dernier moment. Les films et séries montrent ça comme quelque chose de stylé, ici avec le personnage de Dodger... mais en vrai c'est un move de connard qui consiste à dire que la personne en face est trop naze pour être ton pote. (Et j'ai fait le sondage : 90% du peuple de France est d'accord avec moi.)

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le 16 déc. 2021

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