Qu'elle épreuve c'est de surmonter sa crainte quand on se retrouve menacé d'un coup. Avec Only God Forgives je m'attendais à un film coup de poing, alors dès la première séance possible je me suis pressé d'aller prendre ma place dans la salle que j'espérais voir se transformer en ring de boxe. Mais l'arène est restée pleine de rangés de sièges et le combat promis n'était finalement que le miens contre l'ennui. La salle de cinéma est restée salle de cinéma (pourtant les spectateurs étaient sages) et le réflexe de regarder l'heure est revenu. Comme Cronenberg avec Cosmopolis l'année dernière, Refn arrivait sur la croisette avec un projet emballant et plein d'espoirs pour son acteur vedette devenu super star et idole des jeunes. Voila donc de nouvelles promesses non tenues.
Des couleurs fluorescentes, des ralentis et une ambiance musicale électro, voilà les outils qui faisaient l'une des forces de Spring Breakers et qui sont à nouveau utilisées cette année. L'image est très belles et les décors bien utilisés. La photographie est précise et visuellement c'est très joli. Pour les autres procédés c'est raté. Avec la musique comme les ralentis, l'abus alourdit le film. Quand elle couvre la réponse à une question intéressante ou carrément une chanson, la musique est de trop et nous extirpe du film. Quand une scène happe par son charisme elle se retrouve gâchée par des ralentis grossiers et inutiles.
Only God Forgives ne raconte rien de plus que son pitch de départ. La faute à des scènes trop abstraites car voilées par un montage parfois trop appuyé, la faute à des personnages qui manquent de volume. Ryan Gosling ne sort pas de son registre inexpressif, certes délicieux dans Drive mais inutile dans cette histoire qui fait appel justement à l’extériorisation des sentiments. Sa violence monte crescendo mais seul son corps parle car ni ses paroles ni son visage ne dégagent quoi que ce soit. Kristin Scott Thomas rempli ce vide par une prestation impeccable et un personnage captivant (le seul) par sa perversion et son érotisme muselé.
La violence frappante est tout de même là, superbe scène de combat aux poings et au point. Un scénario vide de propos et des propositions maladroites pour 1h30 qui en parait deux interminables.

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le 22 mai 2013

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Adam Kesher

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