J'ai adoré le film, bien qu'il me soit difficile de dire si ce fut sur le coup ou peu après.
OGF est une "fable", sur la violence et la vengeance certes, mais une fable tout de même. Mais pas n'importe quelle fable non, plutôt une sorte de trip dans les rues et immeubles de Bangkok, sans réel fondement, si ce n'est de nous présenter des personnages sans profondeur explicite, mais (implicitement :p) allégoriques (d'où la "fable", et ouais gros !). Chacun a ses (quelques) motivations, et un ou deux traits de caractère, parfois bien enfouis, mais qui remontent de temps à autre en surface, doucement ou âprement (entendre très violemment).
Ne cherchez donc pas à être impressionnés par l'histoire, celle-ci n'est presque qu'un prétexte à cette expérience inédite basée sur le ressenti physique amené par une mise en scène parfaite et une photographie mûrement réfléchie qui nous fait ouvrir grand la gueule (quelles couleurs, et quelles compositions !). Cette photographie raconte des choses, certes à un niveau symboliste (symbolique ? je ne sais pas quel terme employer là désolé gros), mais tout de même, ça claque sévère ! Rajoutez à cela une musique de grande classe et oppressante par moments, et on obtient une oeuvre esthétiquement irréprochable. Cette esthétique nous narrant une partie du film donc.
Pour le re-contextualiser, Only God Forgives est une sorte de synthèse entre Drive (pour l'acteur principal et, grossièrement la thématique) et Valhalla Rising (pour le côté expérimental et peu axé sur l'histoire). Le personnage principal est lui aussi "autiste" (comprendre qu'il ne pipe pas un mot ou presque de tout le film). Mais ici, il partage l'affiche avec d'autres figures imposantes au moins aussi importantes. Ce n'est donc pas le personnage principal, en fait (!) même si je le dis plus haut (rolala).
Je ne saurais dire si je l'ai préféré ou pas à ses autres films... A vrai dire, j'ai du mal à établir un "classement" entre ces films tellement ceux-ci se ressemblent tout en étant bien différents, et tous extrêmement réussis (oui j'ose le mot "extrême", mais il représente bien le cinéma de Refn). Bon je mets quand même les Pusher un léger cran en-dessous car ils restent plus "classiques" que les suivants, mais c'est un peu HS, alors fin de ma critique au paragraphe suivant.
Cet OVNI risque donc de ne pas plaire à tout le monde (alors que Drive était bien plus accessible), mais perso, il m'a laissé un grand souvenir. C'est le genre de film dont on se souvient et qu'on peut re-regarder après un certain temps pour le côté "expérience cinématographique". Un grand moment pour un grand film (logiquement) controversé.