Dans le cinéma français des années 2000, "OSS 117 : Le Caire, nid d'espions" se présente comme un joyau à la fois brillant et facétieux, une comédie d'espionnage qui parvient à jongler avec les codes du genre tout en les subvertissant avec une habileté déconcertante. Réalisé par Michel Hazanavicius, ce film est une véritable lettre d'amour au cinéma des années 60, tout en offrant parfois une critique mordante de l'époque.
Dès l'ouverture, nous sommes plongés dans une esthétique visuelle qui rappelle les films d'espionnage emblématiques de cette décennie. Les couleurs saturées, les décors exotiques et les costumes flamboyants évoquent les productions de la période. Jean Dujardin, dans le rôle d'Hubert Bonisseur de La Bath, incarne un agent secret à la fois élégant et désinvolte, un mélange savoureux de charme et de ridicule.
L'écriture du film est un véritable festival de répliques cinglantes et de situations cocasses. Les dialogues sont à la fois incisifs et burlesques, sans égaler le style de Michel Audiard pour "Les Barbouzes" où chaque phrase était une petite perle de verbe. Hazanavicius réussit à capturer l'esprit de l'époque tout en le réinterprétant avec une modernité rafraîchissante. Les clins d'œil à des classiques comme les OSS originels, les "Panthère rose" ou les "Fantômas" sont fréquents, et chaque scène est une invitation à redécouvrir ces références tout en riant des clichés qu'elles véhiculent.
Les interactions entre OSS 117 et les personnages qui l'entourent révèlent une dynamique comique, où l'absurde et le burlesque se mêlent habilement, même si l'ensemble manque parfois un peu d'homogénéité encore (défaut que nous retrouvons moins dans le film suivant). Les scènes avec Richard Sammel et François Damiens ne sont sans doute pas assez exploitées. Les scènes de séduction avec Bérénice Bejo, où Dujardin fait preuve d'une maladresse désarmante, sont cependant hilarantes et cocasses.
Visuellement, "OSS 117 : Le Caire, nid d'espions" est un régal. La direction artistique, inspirée des films d'espionnage des années 60, est d'une grande richesse. Les décors comportent une attention minutieuse aux détails qui plongent le spectateur dans un univers à la fois ludique et nostalgique. La bande-son, mêlant jazz et sonorités orientales, ajoute une couche supplémentaire à l'immersion.
Le grand défaut réside surtout dans l'intrigue qui, bien que divertissante, manque parfois de profondeur et de cohérence. Les rebondissements, bien que savoureux, peuvent sembler brouillons même si l'ensemble rythmé reste assez jubilatoire.
En somme, "OSS 117 : Le Caire, nid d'espions" est une œuvre qui, malgré ses quelques imperfections scénaristiques, parvient à captiver et à divertir. Avec un mélange habile d'humour, de satire et d'esthétique rétro, le film réussit à se démarquer par son rythme dans un paysage comique français des années 2000 tout de même largement sinistré.