Vous reprendrez bien un peu de marmelade ?
Curieuse expérience que d'aller voir "Paddington" en VO un samedi soir à 22h. On imagine rapidement que les quelques adultes dans la salle - seuls pour la plupart - ont dû avoir une sale semaine pour venir se réconforter avec le nounours le plus connu d'Albion dans un film clairement destiné à la jeunesse.
Et ils ont eu raison. Merveille d'humour et de poésie, le film est surtout incroyablement émouvant, depuis le départ forcé de Paddington (l'ours le plus mignon de la planète) après la destruction de sa forêt péruvienne, à ses errements dans Londres où il tente en vain de convaincre les passants de l'adopter, avec toutes les bonnes manières qu'on lui a apprises. Il sera heureusement vite recueilli par l'adorable mais dysfonctionnelle famille Brown, ce qui nous permettra de sécher nos larmes et d'enchaîner les gags dignes des meilleurs films familiaux animaliers qui ont bercé notre enfance (on pense très fort à "Beethoven").
Outre un suspense bien mené (Paddington est traqué par une Nicole Kidman taxidermiste) et un rythme parfaitement maîtrisé, le film est bourré de belles idées de mise en scène, incrustant à bon escient des éléments d'animation pour nous évoquer subtilement le passé des personnages ou le fil de leurs pensées. Une maison de poupées qui prend vie, un arbre peint sur un mur qui fleurit au fil des humeurs de la maisonnée, un personnage qui replonge littéralement dans ses souvenirs en traversant un écran : l'émerveillement est à chaque coin de plan, et l'émotion qui va avec.
Enfin, le film est une véritable ode à la capitale britannique (pas étonnant qu'il cartonne en Angleterre). D'abord eldorado lointain et idéalisé par les ours civilisés du Pérou sauvage, elle devient une terre d'accueil où tout le monde peut finalement trouver sa place, quelque soit son origine et son apparence. En plus de ses qualités divertissantes, ce message de tolérance en fait définitivement le parfait film de Noël, dont on aurait tort de se priver.