Clint, toujours Clint. Le solitaire, le taciturne. Film après film, Clint se raconte tout en racontant une histoire de son pays.
Très rapidement, difficile de ne pas se dire : tiens, voilà l'homme sans nom, l'homme de Pour une poignée de dollars et tout la trilogie du dollar. Parce que le bonhomme est déguisé en pasteur et n'est jamais nommé. Il est peut-être pasteur, mais la scène du benedicite, lors de laquelle il est invité à faire la prière, semble vouloir montrer qu'il n'est pas plus pasteur que je ne suis rabbin.
Mais ce n'est que la posture du personnage. Celle que Clint a choisi de faire de lui. Concernant la façon dont on filme, on vise un certain classicisme fordien. Pas du niveau de Johnny, certes, mais très à-plat, sans second degré. A part lui, toujours. Lui, grimaçant sans grimacer, dans l'ombre, ses yeux perçants et jugeants.
Pour ce qui est de l'histoire, on est sur un schéma classique. Le tireur d'élite solitaire qui vient aider les chercheurs d'or devant se défendre contre le gros vilain riche qui veut la mine. Ca se passe bien, l'histoire, c'est vrai. Pas d'ennui. Mais on ne se dit pas que c'est révolutionnaire.
Mais c'est Clint. Et Clint raconte son Amérique. C'est un vieux réac conservateur, mais pas que. Clint est lucide, areligieux et mordant sur les rapports de pouvoir.