Marnie : Le Rouge de la Passion et le Noir du Secret. Quand l'obsession rime avec psychanalyse !

Pas de printemps pour Marnie n'est peut-être pas le Hitchcock le plus lisse ou le plus acclamé de son œuvre, mais il se révèle être un thriller psychologique fascinant et profondément freudien, qui mérite amplement le détour. Le film nous plonge dans l'univers tourmenté de Marnie Edgar (Tippi Hedren), une jeune femme belle et énigmatique qui change d'identité pour voler ses employeurs. Son chemin croise celui de Mark Rutland (Sean Connery), qui, au lieu de la dénoncer, l'épouse dans l'espoir obsessionnel de la "guérir" de sa kleptomanie et de sa frigidité.

​Ce qui fonctionne : La profondeur psychologique

  • Le grand atout du film réside dans son audacethématique. Hitchcock s'aventure ici dans les méandres du traumatisme infantile et de la névrose, faisant de Marnie l'une de ses héroïnes les plus complexes et tragiques. L'enquête sur son passé est menée comme un véritable diagnostic psychanalytique, ponctué d'indices visuels puissants, notamment l'allergie au rouge qui symbolise le refoulé.
  • ​Tippi Hedren, malgré les critiques initiales, incarne une Marnie fragile et glaciale avec une intensité notable, tandis que Sean Connery apporte un magnétisme ambigu au personnage de Mark, dont les motivations, entre amour, obsession et domination, sont constamment en question. La partition de Bernard Herrmann est, comme souvent chez Hitchcock, un pilier de l'ambiance, renforçant le sentiment d'inquiétude sourde.

Les réserves : Maladresses et scénario limite

  • ​Le film n'est cependant pas exempt de défauts qui justifient une note de 7/10 plutôt que 8 ou 9. Quelques effetsvisuels (notamment les fonds peints ou le ralenti de la course à cheval) ont mal vieilli et peuvent casser l'immersion. Surtout, la dynamique relationnelle entre Mark et Marnie est, vue avec le recul, extrêmement problématique (le mariage forcé, la lune de miel troublante), même si elle est essentielle au propos du film sur la possession et le contrôle. Le dénouement, qui révèle la cause du traumatisme, arrive par ailleurs de manière un peu précipitée et didactique.

En Conclusion

​Pas de printemps pour Marnie est un grand film malade, comme l'avait qualifié François Truffaut. C'est une œuvre fascinante par son sujet et sa quête acharnée des origines du mal-être, soutenue par des performances solides et une mise en scène typique du Maître du Suspense dans son versant le plus sombre et obsessionnel. Malgré quelques maladresses de forme et un scénario qui frôle parfois l'inconfort moral, il reste une expérience cinématographique riche et marquante.

Note : 7/10 , Je le recommande fortement pour les amateurs d'Hitchcock.

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il y a 4 jours

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DirtyVal

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