Ne nous mentons pas, on nage en plein cliché: la petite coiffeuse d’Arras contre le prof de philo parisien, ça a un faux air de bienvenu des les chtis-la-suite (j’ai vraiment cru qu’on allait nous dire “quand on vient dans le nord on pleure deux fois: quand on arrive et quand on repart”.)

Et puis on arrive à oublier Dany Boon, à oublier le roman photo (les clichés), à passer outre les dialogues un peu trop écrits du début, on se laisse séduire par deux acteurs attachants.

Émilie Dequennes est belle, simple, vivante, elle est coiffeuse, elle aime des choses faciles, pas très philosophiques. Elle n’est pas complètement idiote non plus, elle comprend qu’elle n’appartient pas au monde de son amant. Ça la rend vraiment réelle, elle se détache de ce qu’on attend de ce type de personnages habituellement, paf le cliché prend-toi ça dans les dents.
Sa souffrance, ses questions sont bien traitées, on comprend parfaitement ce qui lui arrive, sans doute mieux que son partenaire (mais peut-être est-ce parce que son personnage est plus simple, plus accessible).

Face à elle, Loïc Corbery tient un niveau honorable lui aussi, mais avec un rôle moins facile à aimer. Il est le parisien qui doit se laisser séduire par le nord et ses coiffeuses (à défaut de bureau de poste pour l'accueillir), il est beau, il est froid comme un intello, il essaie de partager sa culture avec sa blonde, il fait des efforts, mais on ne devient pas quelqu’un de chaleureux et fier de sa conquête écervelée si facilement!
Son rôle le rend forcément moins aimable que sa collègue, n’empêche qu’il s’en sort pas trop mal.

L’histoire est gentiment traitée, pas de façon extraordinaire mais assez agréable, et on ne s’ennuie pas une fois que l’histoire est amorcée (parce que le premier quart d’heure était bien long et plat), la fin est belle aussi, parce qu’assez inattendue, et qu’on peut imaginer seuls le “2 mois plus tard”, puis le “10 ans plus tard”....

Un joli petit film, qui s’appuie sur des clichés, les exploite jusqu’au bout, mais reste assez doux et juste dans le traitement des sentiments, juste ce qu’il faut pour rendre l’histoire crédible.
iori
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le 29 sept. 2014

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