Do You Want Morgue?!!!??!

Body Bags est un téléfilm d'horreur à sketches réalisés par John Carpenter et Tobe Hooper. Les différentes parties sont présentées et articulées par Big John himself, très en forme dans le rôle d'un médecin légiste un peu... spécial. Il nous présente les trois histoires en se basant sur les corps présents dans sa morgue, entre deux coupes de formol [sic(k!)].
À la base, ce film devait servir de pilote pour une série télé qui n'a finalement jamais vu le jour.

La première histoire, réalisée par Carpenter, se passe aux abords d'une charmante bourgade nommée Haddonfield, où on entend parler à la radio d'un tueur fou qui rôde dans les parages (tiens donc...). L'actrice principale manque totalement de charisme, mais Johnnie arrive à mettre en place une petite atmosphère parano très sympathique. Le tout renvoie un peu à quelques classiques du bonhomme. Le côté nuit noire/menace invisible m'a fait penser à Assaut (à beaucoup plus petite échelle évidemment), le tag dans les toilettes évoque la trilogie de l'Apocalypse, etc.... Ça se laisse regarder, mais on sait que John est capable de faire beaucoup mieux. La jeune étudiante poursuivie par un meurtrier dérangé, c'était plus original en 1978 qu'en 1993...

La seconde histoire, toujours réalisée par John, présente un ton beaucoup plus décalé et humoristique. Stacy Keach fait ce qu'il peut avec ce qu'il a, c'est-à-dire pas grand chose. Le maquillage et les effets spéciaux old school et un peu kitsch sont sympas, et John qui revisite le concept du "Ils sont parmi nous" ça fait plaisir (avec beaucoup plus de premier degré que dans They Live ou The Thing), mais là encore on reste un peu sur sa faim.

La troisième et dernière histoire est réalisée par Tobe Hooper. Selon moi, c'est clairement la meilleure. Quel plaisir de retrouver Mark Hamill (avec une moustache !), à vrai dire très convaincant dans le rôle pourtant éculé du (futur) père de famille sombrant lentement dans la folie. Hooper est assez doué pour mettre en place une ambiance oppressante, via l'utilisation entre autres de la musique signée Carpenter. Même si l'intrigue reste cousue de fil blanc, j'ai vraiment apprécié cette histoire tout en crescendo. Hamill arrive à rendre son personnage super glauque à la fin, et on en vient à regretter que Hooper et lui n'aient pas fait une histoire un peu plus longue, pour permettre au personnage d'être encore plus approfondi.

Une des qualités générales du film est de savoir naviguer entre les tons, savoir changer d’ambiance et multiplier les références, tout en gardant le spectateur captivé. Notons aussi un casting relativement ouf. En effet, outre les trop rares Stacy Keach et Mark Hamill, on a droit à des apparitions plus ou moins furtives de John Carpenter, Tobe Hooper, Sam Raimi, Wes Craven, et même ce cher vieux Roger Corman passé faire un petit coucou. Ajoutez à ça le logo de la boîte de prod 187 Corp qui parodie vicieusement celui de la MGM, un petit coup de théâtre final aussi drôle qu'inattendu, et vous obtenez un film modeste qui aurait clairement pu être beaucoup mieux (peut-être avec plus de moyens ?), mais où on sent que les auteurs se sont fait plaisir.