« A great pirate does not require such intricacies. » JACK SPARROW

Avec 3.700.000.000$ de recette mondiale, rien qu'au cinéma sans compter les substantielles recettes venues du merchandising, du marché de la vidéo et de la diffusion à la télévision, la saga Pirates des Caraïbes est une franchise très lucrative pour Disney. Le studio de production et Jerry Bruckheimer n'ont ainsi jamais caché leur ambition de lancer un cinquième opus, plus encore après le milliard de dollars dépassé par le quatrième volet au box-office mondial.

Les premiers échos d'un cinquième opus apparaissent donc juste avant la sortie de Pirates of the Caribbean : On Stranger Tides en 2011. A l'origine, il était, en effet, prévu que les scénaristes et les acteurs travaillent rapidement sur un cinquième et un sixième volets, coup sur coup, afin de créer une nouvelle trilogie. Mais très vite, le deal se voit limité à un cinquième et unique film pour deux raisons. D’abord, l’échec critique du quatrième volet et deuxièmement, l’échec retentissant de The Lone Ranger en 2013 qui va faire douter les dirigeants de The Walt Disney Company sur l'aura de l’acteur principal qui semble avoir bien pâlie.

Johnny Depp reprend bien sûr le rôle du Capitaine Jack Sparrow. C'est triste à dire, mais l’acteur n'est que l'ombre de lui-même n'arrivant même plus à être drôle ou rendre son personnage simplement attachant. Alors qu'il surjouait dans le quatrième, ici, c'est l'inverse : il est tout bonnement transparent. L'acteur a visiblement fait le tour du personnage et n'a plus rien à apporter. Il s'ennuie ferme et cela se voit à l'écran, sûrement la cause de tous ses retards sur le tournage et de ses nombreuses frasques (constamment ivre et ingérable).

De nombreux réalisateurs sont alors pressentis pour réaliser le cinquième opus écartant tout retour possible pour Rob Marshall (réalisateur du quatrième film). Finalement c’est le duo de réalisateurs norvégiens, Joachim Rønning et Espen Sandberg, qui décroche la timbale. Les Roenberg, comme on les appel, ont réalisés Kon-Tiki en 2012 qui raconte l'histoire de Thor Heyerdahl, un explorateur norvégien traversant l'Océan Pacifique sur un simple radeau afin de démontrer la possible traversée des habitants d'Amérique du Sud vers les îles de Polynésie dans les temps anciens. Jerry Bruckheimer confesse avoir été impressionné par Kon-Tiki ainsi que la façon de filmer l'océan.

Le film va présenter l'énorme avantage par rapport au quatrième volet d'avoir travaillé son script. Terry Rossio (scénaristes des tous les opus précédents) a remis un scénario aux dirigeants de Disney, mais qui restait dans l’optique d’une éventuelle future trilogie. Heureusement, Jerry Bruckheimer demande une réécriture du scénario qui a la bonne idée de tenir en 129 minutes soit la durée la plus courte de la saga. Le scénariste Jeff Nathanson va a l'essentiel sans pour autant oublier ses personnages et leurs motivations. Il s'attache aussi à refermer et conclure tous les arcs narratifs qui étaient en suspens dans les précédents opus : Will Turner prisonnier du Hollandais Volant, le Black Pearl bloqué dans une bouteille en verre, l'histoire de Barbossa, etc...

Pirates of the Caribbean : Dead Men Tell No Tales sort en 2017.

Chose notable, le titre reprend une phrase de l'attraction dont la saga s'inspire et qui peut être entendue au niveau de la caverne au trésor, elle est aussi entendu dans Pirates of the Caribbean : The Curse of the Black Pearl. Étonnamment, ce titre n'est repris qu'aux États-Unis et au Japon. Les auteurs ont visiblement pensé que les américains et les japonais, à la différence des autres pays, étaient plus au fait de l'attraction pour comprendre l'allusion menée à son endroit dans un titre sonnant alors comme un retour au source.

Le plus étonnant par rapport aux précédents opus est peut-être le manque de mythologies maritimes présentes pourtant à foison dans la saga jusque-là et qui contribuaient beaucoup à son ambiance si particulière. Le seul élément mythologique repris est donc le Trident de Poseidon, Dieu Grec des mers et des océans. C'est dès lors ce Trident qui va devenir la quête des protagonistes du film, chacun voulant le découvrir pour des raisons propres, plus ou moins nobles. Aussi, le Triangle du Diable est peut-être un clin d'oeil au fameux Triangle des Bermudes, zone géographique imaginaire de l’océan Atlantique qui aurait été, selon la légende, le théâtre d’un grand nombre de disparitions de navires.

Le film se base donc peu sur des légendes connues et propose des aventures inédites : pour autant, cela ne l'empêche pas forcément de manquer d'originalité. Le combat final, par exemple, bien qu'impressionnant visuellement, a un sacré air de déjà-vu. Et il y a là, peut-être, le reproche principal à faire au film. Bien que le récit soit sympathique et fasse passer du bon temps aux spectateurs, l'opus ne propose rien de vraiment nouveau. Il affiche un côté redondant à tout ce qui arrive à Jack Sparrow et ses compagnons. Heureusement, comme il veut conclure leurs aventures, il conserve dans sa démarche un intérêt salutaire. Et quand, en plus, il arrive à installer un peu d'émotion en particulier avec la famille Turner, mais aussi via le personnage de Barbossa, il remplit une mission pas si évidente.

Geoffrey Rush demeure toujours excellent dans le rôle du Capitaine Hector Barbossa, il étonne même en parvenant à livrer une palette de sentiments assez variée à ce personnage retors dont la traîtrise est une règle de survie et le sens de la répartie, un art maîtrisé. Surtout, il apporte une touche d'émotion aussi bienvenue que surprenante. Que ce soit sa relation avec Salazar ou avec Sparrow, il est toujours juste et reste, décidément, une pierre angulaire de la saga. La véritable relation intéressante est à rechercher du côté de Carina Smyth… Barbossa. Cette jeune femme est une astronome rejetée par la société, la traitant de sorcière. Kaya Scodelario apporte beaucoup de fraîcheur à ce personnage original et se rend particulièrement attachante.

Brenton Thwaites, le jeune Henry Turner, fils de Will Turner et Elizabeth Swann (on appréciera les cameos de Orlando Bloom et Keira Knightley) cherche à libérer son père de la malédiction qui le laisse prisonnier du Hollandais Volant. Il part donc à la recherche du Trident de Poseidon, mais aussi du Capitaine Jack Sparrow censé l'aider dans sa quête. L'acteur est loin d'avoir le charisme de Orlando Bloom, mais il arrive tout de même à se rendre attachant même si il semble être le personnage qui subit plus l'action qu'il ne la provoque.

Côté antagoniste, le Capitaine Armando Salazar est un ancien officier de la marine espagnole qui s'est fait emprisonner dans le Triangle du Diable et damné par la même occasion. Il éprouve dès lors une haine tenace contre celui qu'il considère comme le responsable de son malheur : le Capitaine Jack Sparrow. Son passif avec Jack Sparrow nous donne quelques flashbacks plaisant. Le personnage est tenu par Javier Bardem décidément très convaincant.

Dans le deuxième et troisième volet de la saga, on avait le plaisir de voir le guitariste des Rolling Stones Keith Richards en père de Jack Sparrow, ici, on a le plaisir de voir le cameo de Paul McCartney bassiste des Beatles en oncle de Jack Sparrow.

C’est la première fois dans la saga que Hans Zimmer cède sa place, mais c’est la deuxième fois qu’il confie la partition à l'un de ses protégés. Geoff Zanelli pour ce film, et c’était Rodrigo y Gabriela pour le précédent. Geoff Zanelli s'attache à demeurer fidèle à l'univers musical de son maître tout en apportant sa petite touche personnelle.

Pirates of the Caribbean : Dead Men Tell No Tales rattrape largement le quatrième opus de la saga qui était totalement insipide. Le film trouve sa propre émotion et conclut à merveille tous les arcs ouverts précédemment. La franchise semble avoir ainsi dit tout ce qu'elle avait à dire. C'est d'autant plus vrai que Johnny Depp n'est plus en mesure d'endosser le rôle de Jack Sparrow.

StevenBen
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les adaptations d’attractions Disney

Créée

le 22 juil. 2023

Critique lue 4 fois

Steven Benard

Écrit par

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Pirates des Caraïbes - La vengeance de Salazar

Du même critique

L'Initiation - Dragon Ball, tome 3
StevenBen
7

« Si tu veux un conseil, n’utilise pas toute ta force… » SANGOKU

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 18 oct. 2022

2 j'aime

3

La Légende de Brisby
StevenBen
2

« You are the hero type, note me » TIMOTHY BRISBY

En 1982, le succès de Brisby et le Secret de NIMH est mesuré, pire encore il met son réalisateur Don Bluth sur la paille. Pourtant, avec le temps, Brisby et le Secret de NIMH est devenu un...

le 17 janv. 2023

2 j'aime