Nanar aussi effroyable que fabuleux

Fans d'Aldo Maccione ? Voici ses meilleurs nanars :

1. Plus beau que moi, tu meurs (le plus bouffon et le plus inventif)

2. Le Bourreau des cœurs (le mieux réalisé ou le moins mal fait)

3. Pizzaiolo et Mozarel (le plus de nichons, Wollinski au scénario)

4. Tais-toi quand tu parles (le premier de la série).

La recette de ces films est : Aldo en roue libre + blagues infantiles attardées + exotisme & érotisme de bon aloi. Une recette trouvée par Philippe Clair (alias Prosper Bensoussan), qui est une personnalité particulière du nanar en ce qu'il fut l'inventeur du comique juif pied noir et grossier au cinéma et qu'il était "auteur" complet de tous ses films (monteur, scénariste-dialoguiste et acteur). Il avait fait le conservatoire avec Belmondo, et grâce à son enthousiasme irrésistible il parvint à produire des dizaines de films (tous à la limite du présentable), pour finalement trouver un énorme succès populaire dans les années 80. Une destinée en soi unique et un personnage qui force le respect !

Soyons clairs : Clair n'a guère de talent ni pour l'écriture ni pour la mise en scène au sens classique du terme. Son travail, toujours sans queue ni tête, relève entièrement de l'amateurisme brouillon et désordonné. Mais pour ma part, je préfère ce genre de sympathiques amuseurs maladroits aux fils à papa intellos du cinéma français (tous encore plus mauvais à mes yeux).

Ceci dit, sans Aldo Maccione, les nanars de Philippe Clair deviennent des navets. Et des quatre films produits avec Aldo, il n'y en a que deux de divertissants : Tais-toi quand tu parles (originellement conçu pour De Funès) et Plus beau que moi, tu meurs (du sur-mesure pour Aldo) réalisé juste après.

Ici, Aldo est comme d'habitude inégalable dans son style si attachant et unique. Philippe Clair partage l'affiche, ce qui marche assez bien pour ce "film" pourtant déjà très chaotique. Quant au reste, ce sommet du nanar n'a pas pris une ride : tout est toujours aussi débile (ou génial selon le point de vue), incroyablement riche en trouvailles cocasses, en gags à la lourdeur inouïe, et en figurantes à la plastique exposée malicieusement. Le film bénéficie en plus d'un budget de production énorme ! Il fut, à sa sortie, un succès tout aussi énorme, prouvant que les Français d'avant l'activation finale du plan Kalergi savaient s'amuser en laissant leur cerveau au placard.

Pour conclure, si vous êtes fans d'Aldo, rabaissez donc votre QI et laissez-vous régresser avec lui dans l'enfantillage bête bête bête pour une heure et demie d'un festival ininterrompu de blagues idiotes, comme les Français aimaient le faire sans complexe à l'époque. C'est effroyablement mauvais, mais c'est largement plus divertissant que n'importe quelle comédie de qualité produite dans la France d'aujourd'hui. Note : une étoile supplémentaire pour la chanson du générique interprétée par Maccione !!