Et bien, je suis sacrément emmerdé les amis, hier en revoyant Point Limit pour la seconde fois et en l'ajoutant dans mon top 10, je me suis dit que je devais obligatoirement lui consacrer une critique. Le pauvre risquait un bizutage en règle par les 9 autres qui ont tous un écrit derrière leur titre, d'autant que notre film du jour a déjà suffisamment souffert. En effet, nous sommes dans les années 1960 et deux monstres du cinéma American se préparent à dégainer leurs armes pour offrir une vision radicalement différente de la guerre froide et de la destruction massive possible engendrée par une bavure nucléaire. Le problème dans cette configuration, c'est que comme dans tout bon western désuet, Hollywood est un quartier trop petit pour ces deux là, il fallait en sacrifier un pour éviter toute confusion au risque de subir deux échecs.
Et à ce petit jeu, Kubrick plus adroit qu'un Billy The Kid, plus vif qu'un Wyatt Earp va littéralement foudroyer Lumet sur place, en intentant un procès pour plagiat en plein tournage, produit par un indépendant. Il finit par condamner le récit racheté ensuite par la Columbia déjà détenteur du premier qui sortira le film dans l'anonymat le plus total après la consécration du génial Doctor Strangelove.

Après cette petite histoire, on pourrait continuer longuement sur les parallèles entre les deux œuvres qui mériterait une analyse poussée, cette confrontation entre satire et thriller psychologique, ces immenses acteurs, cet angle fascinant d'un côté comme de l'autre mais si je vous disais être particulièrement emmerdé, c'est que l'ami Strangelove ( le hasard fait bien les choses ) m'a en quelque sorte coupé l'herbe sous le pied avec talent et je vous invite à lire son compte rendu là bas !
http://www.senscritique.com/film/Point_limite/critique/25401527

Que me reste t-il à vous dire alors, peut être que malgré l'amas d'effets spéciaux déballés aujourd'hui dans des productions toujours plus onéreuses, le cinéma peut vous ouvrir un vrai moment de grâce en 4 minutes sous fond de plan séquence fixe avec deux hommes, une chaise et un téléphone ! Parce l'atmosphère claustrophobique inhérente au sujet devient un vrai monument placée entre les mains du maître du huis clos. Etouffant, terrifiant, une fois plongé dans cette pièce minuscule, le spectateur que nous sommes est rapidement transformé en acteur bouleversé par ce qui se passe sous nos yeux.

Un regard, une parole, une traduction mal placée ou mal interprétée, absolument rien n'est laissé au hasard durant ces quelques minutes renversantes qui nous conduiront à un final blindé de plans-fixes qui sans le moindre artifice, juste en faisant travailler l'imaginaire de son spectateur arrive à faire ressentir une peine immense. Et moi dans ces cas là et bien je capitule les amis, je reste sans voix, la gorge nouée, et le sentiment d'avoir assisté à quelque chose d'inoubliable. À la fois intime et froide, cette plongée inattendue au sein de discussions qui nous dépassent, donnant à la vie humaine une forme superficielle et vaine parvient paradoxalement à offrir un sentiment de solidarité et d'altruisme envers l'inconnu particulièrement forte. Fail Safe est un Lumet magistral dont on ne ressort pas totalement indemne, à voir de toute urgence.

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