Mon premier Chabrol en salle fut Poulet au vinaigre. Et ce fut un véritable coup de foudre.
Chabrol avait ce don rare : celui de croquer la bourgeoisie de province avec un mordant délicieux, tout en dissimulant sa satire derrière les apparences d’un polar. Poulet au vinaigre, c’est exactement cela — un film féroce, plein d’ironie et de cruauté, où les notables, tous plus ignobles les uns que les autres, se heurtent à plus retors qu’eux : l’inspecteur Lavardin.
Ce flic aux méthodes peu orthodoxes, incarné par le génial Jean Poiret, mène la danse avec une insolence jubilatoire.
Face à lui, Michel Bouquet et Jean Topart composent des bourgeois d’une ignominie savoureuse, et leurs performances, comme souvent chez Chabrol, flirtent avec la perfection.
Au cœur de cette comédie noire, un jeune facteur vit sous la coupe d’une mère acariâtre — l’immense Stéphane Audran, d’une justesse redoutable. Le jeune homme, campé par le tout jeune Lucas Belvaux, se laisse envoûter par la lumineuse Pauline Lafont.
Chabrol s’amuse, et nous avec lui.
Un vrai régal de cinéma, à la fois cruel, drôle et profondément humain.