Avec Predator: Badlands, Dan Trachtenberg signe un retour inattendu dans l’univers du chasseur interstellaire le plus emblématique du cinéma d’action. Après l’excellent 10 Cloverfield Lane (2016), thriller claustrophobe et maîtrisé, le réalisateur semblait être l’un des rares capables de conjuguer efficacité hollywoodienne et tension psychologique. Malheureusement, son nouveau film peine à retrouver cette alchimie. Porté par Elle Fanning, qui incarne un robot bavard, Badlands tente d’explorer un territoire inédit pour la franchise : celui du western futuriste, de la fuite initiatique à travers un désert peuplé de créatures hostiles. Accompagnée d’un Predator un peu limité intellectuellement mais qui se révèlera être le plus grand de tous les héros façon Gormiti, l'androïde Thia traverse une contrée dévastée où rôdent encore les redoutables Predators — rebaptisés ici Yautja, selon la mythologie désormais bien connue des fans.
Sur le papier, la promesse était belle : mêler la brutalité primitive des premiers volets à une approche plus sensible, centrée sur la relation entre le monstre et la machine. Mais le résultat, hélas, s’apparente davantage à un exercice de style désincarné qu’à un véritable récit de science-fiction. Le scénario, d’une grande pauvreté, repose sur un schéma éculé : un artefact à retrouver, une poursuite linéaire, quelques affrontements ponctuels. L’ensemble avance sans tension ni surprise, incapable de susciter le moindre attachement pour ses personnages. Le film semble d’ailleurs se complaire dans la répétition : certaines répliques, notamment la désormais célèbre « Dek, tu es un Yautja », sont assénées à un point tel qu’elles finissent par dissoudre toute émotion. Il faut évidemment pour remplir le cahier des charges que ce Predator un peu faiblard et chétif atteignent le graal absolu : la rédemption. Et quid pour réussir cela que de lui rabâcher que c'est un vrai filou qui mérite d'être de son espèce ?
Visuellement, Badlands oscille entre fulgurances et approximations. Les décors naturels, baignés dans une lumière ocre et poussiéreuse, évoquent parfois la majesté des westerns crépusculaires, mais ces éclats sont vite ternis par des effets spéciaux inégaux. Les créatures numériques manquent souvent de fluidité, et quelques plans d’action paraissent étrangement figés, comme si le film lui-même hésitait entre contemplation et inertie.
Dan Trachtenberg, autrefois salué pour sa mise en scène nerveuse et son sens du suspense, semble ici prisonnier d’un cahier des charges sans relief. Là où 10 Cloverfield Lane exploitait le confinement pour révéler la folie humaine, Badlands s’étend dans un espace désertique sans jamais en tirer la moindre tension dramatique. Le résultat est une œuvre fade, déconnectée de l’essence du mythe Predator, et dénuée de la moindre ambition narrative. Un pot-pourri d'une vacuité totale. En 2025, alors que le cinéma de genre cherche à se réinventer sans jamais se trouver, Badlands illustre tristement la difficulté d’Hollywood actuelle à concilier spectacle et sens. Une œuvre sans souffle, sans enjeu, et sans véritable regard — un désert d’idées où même le Predator semble s’être égaré.