PRIMITIVE WAR de Luke Sparke
Dans la lente agonie du cinéma australien contemporain, parfois, émergent quelques pépites, des films inattendus miraculeux ou des productions étonnantes qui nous rappellent qu'un jour, le cinéma australien fut une industrie enthousiasmante et merveilleuse.
Mais c'est pas le cas ici...
Reste que ce Primitive War est un machin plutôt curieux, qui adapte avec une ambition démesurée le roman du même nom écrit par
Ethan Pettus qui participa à l'écriture du scénario. Le réalisateur, Luke Sparke, n'en est plus à son coup d'essai, outre un petit polar sympa, il a réalisé ces dernières années deux films de monstres (Scurry et Devil Beneath) et deux films d'invasions extra terrestres (Occupation Rainfall et Invaders). Nous ne serons donc pas surpris de le retrouver aux commandes de cette turbo bisserie !
Alors, nous voici au Viet Nam, en 1968, et nous suivons un platoon de durs à cuire, caractérisés sans génie tout en restant plutôt acceptables. Ils sont envoyés pour une mission secrète où ils
doivent retrouver la trace d'un groupe de Bérets verts qui ont disparus alors qu'ils avaient été envoyés pour une mission secrète afin d’enquêter sur une troublante histoire secrète pour le compte des ronds de cuir qui nous gouvernent.
Egarée dans une vallée infernale, l’escouade « Vulture » est menée par un Ryan Kwanten (vu dans Red Hill, Mystery Road), dynamique, mais moyennement convaincant. Autour de lui, d'autres acteurs qui font ce qu'ils peuvent en sachant que c'est pas encore ce coup-ci qu'ils iront aux Oscars. Bref, très rapidement les ennuis commencent et le commando doit bien se rendre à l’évidence : la vallée est infestée par une ribambelle de dangereux dinosaures.
Si le pitch est plutôt débile et que le film est constamment tenté de virer dans le Z le plus gogol, Primitive War maintient le cap avec une certaine insolence et sauve les meubles grâce à une direction artistique pas dégueu et une gestion plutôt réussie de ses nombreux CGI. Qu’il s’agisse du camp de base en mode Platoon, de ses Huey, de ses décors magnifiques (tourné dans le Queensland, on a pourtant vraiment l'impression de voir le Vietnam) ou de ses dizaines de gros dinos (raptors plumés, famille de T-Rex, triceratops facétieux, ptérosaures flipos ou diplodocus paisibles…), nous reconnaîtrons sans peine que le film aligne des plans souvent impressionnants, soutenus par une photo loin d’être dégueulasse. Bien sûr, sur le tas, certains plans truqués sonnent faux et certaines incrustes sont un peu too much, mais dans l’ensemble c’est tout à fait correct... à l’instar de la distribution, qui assure ce qu’il faut, sans génie mais sans honte, dans l’exercice toujours délicat de faire semblant de tirer avec des flingues en plastique sur des bestioles qui n’existent pas.
Dommage donc, que le film patine constamment handicapé par sa mise en scène un peu empotée et des scènes d’action plombées par un découpage/montage guère satisfaisant. À ce sujet, Primitive War qui avait de quoi remplir 90 minutes sans trop se fouler a fait le pari de s’étaler sur plus de 2 heures et le constat est sans appel : c’est beaucoup, beaucoup trop long pour ce que ça raconte ! Lorsque le récit de survie dans la vallée de la mort infestée de créatures préhistoriques laisse place à l’attaque d’un cyclotron infernal inventé par un général soviétique dément, le film donne tout ce qu'il peut, et a visiblement eu les yeux plus gros que le ventre.
Je dois avouer aussi que j’espérais que la nature australienne de la production allait pirater le récit et qu’on allait suivre un peloton de "good blokes", ce qui aurait permis, peut-être, de donner une couleur un peu originale à quelque chose d’aussi balisé que le groupe de soldats US perdus en territoire VC. Globalement, le film ne s’émancipe jamais de ça et la lutte entre ces soldats US, les jeunes combattants vietnamiens et les infâmes communistes restent sur les rails du déjà vu mille fois. Dommage donc, il y avait peut-être pas mal de choses à faire autour de tout ça.
Sparke avait déjà, il y a quelques années, réalisé un polar sympa (Bring him to me) qui, tourné sur la Gold coast australienne, faisait tristement semblant d'être américain. Une démarche que j'avais trouvé discutable et franchement contre productive.
Ceci dit, calé le cul dans son canap' avec une certaine bienveillance et un peu d’indulgence, le film, malgré sa longueur abusée, reste un spectacle distrayant et fun. C’est pas génial, c'est même pas terrible terrible et c’est peut être franchement con, mais c’est tellement plus sympathique que le dernier Jurassic Monde de merde.