Inspiré du quatrième opus de la saga vidéo-ludique créée par l'américain Jordan Mechner, le film Prince of Persia n'en garde cependant que peu de choses : le pouvoir magique de la dague et la base de personnages principaux, à savoir un jeune couple princier de la Perse moyenâgeuse passant autant de temps à se séduire qu'à se chamailler, chacun des deux possédant un caractère insoumis qui ne leur offre pas que des avantages. La force du film se trouve ainsi dans leur relation, floue et passionnée, romantique et gouailleuse.


Le scénario est assez complexe et bien ficelé pour empêcher ici d'en dévoiler des morceaux, sous peine de gâcher les nombreux effets de surprise, plutôt bien orchestrés même si assez convenus pour le genre. Le film est bourré d'anachronismes, utilisant le folklore oriental tel une série B hollywoodienne des années 50, avec sont lot d'acteurs occidentaux censés incarner des Perses, le tout évidemment en anglais. Mais c'est la loi du genre qui veut tout cela, et il serait malhonnête de reprocher à ce film d'être irréaliste alors qu'il est avant tout un film d'aventure fantastique familial (le film est produit par Disney et par Jerry Brukheimer, tout comme la série des Pirates des Caraïbes, principale référence du metteur en scène de ce Prince of Persia, Mike Newell).
D'ailleurs, ces libertés prises sont la plupart du temps bienvenues, apportant une dimension comique (voir par exemple un entrepreneur magouilleur – joué par l'excellent Alfred Molina – se plaindre de payer trop d'impôts) voire une métaphore politique à ce film : la guerre contre la ville sainte d'Alamut ressemble en effet fortement à la dernière guerre en Irak, fomentée sur la base de mensonges sur des prétendues armes secrètes pour en réalité piller les richesses millénaires de la région.


Le tout est hélas désservi par une mise en scène digne de Koh-Lanta, à coups de zooms numériques ultra-rapides, de ralentis dramatiques très appuyés, et d'une musique sans grande subtilité (alors que celle des jeux était un régal, il est vrai très fortement inspirée de celle du légendaire "Lawrence d'Arabie"). Les nombreux effets de caméra, censés apporter le vertige et la griserie ressenties en jouant au jeu, ne parviennent pas à retranscrire l'élément fondamental de tout jeu-vidéo qui se respecte : l'identification aux personnages.
Car même si on pourra trouver Jake Gillenhal (qui a bien pris du muscle et de l'assurance depuis Donnie Darko ou son rôle de cow-boy-gay-mangeur-de-beans-dans-sa-casserole dans Brokeback Mountain) ou Gemma Arteton sympathiques, notamment grâce à leurs caractères de cochons sous leurs plastiques irréprochables, le montage est tellement bâclé (faux raccords, doublures hyper visibles, enchaînements trop rapides pour être vrais de situations et de sentiments extrêmement différents...) qu'il enlève toute fluidité et même toute cohérence à l'action, créant ainsi sans le vouloir une distance entre le spectateur et le film.


Une adaptation assez fidèle et un spectacle assez plaisant pour tous, donc, mais loin d'être un grand film.

Créée

le 1 avr. 2012

Modifiée

le 27 juil. 2012

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youli

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