Une histoire de pactole, de chat et de baseball

Pour tout vous avouer, entre Darren Aronofsky et moi, c'est une histoire d'amour qui s'est mal terminée.

Depuis 2017 et son Mother !, pour être plus précis, cette œuvre nombriliste et prétentieuse en forme de sortie de route qui avait tellement dégoûté le masqué qu'il en avait juré que Darren ne l'y reprendrait plus.

Au point de dédaigner The Whale, qui avait tout de l'énième brouette à performance d'acteur permettant d'enfin révéler Brendan Fraser aux yeux de ses pairs et de l'académie des Oscar. Ce qui fut fait d'ailleurs.

Mais après avoir vu une bande-annonce qui donnait au moins un peu envie, j'étais curieux de voir Darren Aronofsky évoluer sur des terrains moins désespérés et plus portés vers la comédie.

Sauf que le réalisateur, s'il appréhende un genre nouveau, ne se réinvente pas, dès lors qu'il met en scène encore une fois un personnage en train de tomber vers le fond du trou. Piégé par son addiction, son histoire et ses illusions perdues.

D'autant plus que Darren reste assez cruel avec ses personnages, inscrits dans une galerie de portraits truculents et décalés, rappelant immédiatement ce que Joe Carnahan avait exécuté avec son excellent Mi$e à Prix.

Tandis que les multiples tumultes du scénario font un évident pied à After Hours.

Si Pris au Piège – Caught Stealing n'est pas très original dans ce qu'il propose, il est néanmoins tout d'abord servi par un casting royal, dominé par l'intense beauté blasée et détachée de Austin Butler, déjà à l'oeuvre dans le récent Bikeriders, ainsi que sa dégaine de loser magnifique.

Et par toute une troupe de seconds rôles tout aussi délurés que hauts en couleurs, prétexte à toute une batterie de gags parfois hilarants venant illuminer le décor de quartier en transition, à l'aspect granuleux, coincé dans une atmosphère très 90's.

Les différents twists, les moments parfois absurdes venant contrebalancer la cruauté du monde dans lequel le personnage est plongé malgré lui, et l'enthousiasme qui se dégage de l'ensemble finissent d'emporter le morceau. Car on ne s'ennuie tout simplement jamais devant Pris au Piège – Caught Stealing. Car Darren Aronofsky semble se lâcher dans un aspect ludique d'une entreprise qui, ô surprise, semble lui aller comme un gant.

Car il s'amuse, sans pour autant négliger tout le palpitant de son œuvre. Car un film de Darren redevient excitant. Et cela fait plaisir à voir quand le dernier souvenir de la passion du masqué n'était pas très heureux.

Des frissons, du fun, plein de personnages louches et un chat taciturne, voilà sans doute la formule du nouveau philtre d'amour d'un réalisateur que le masqué a boudé de trop nombreuses années.

Rien que pour cela, j'ai adoré Pris au Piège – Caught Stealing.

Behind_the_Mask, qui n'aurait pas dû laisser conduire le goy.