Pourquoi ce titre Michelangelo, quand il s'agit d'une fuite identitaire dans la peau d'un autre ?
Comment un film aussi passionnant a pû hériter d'un titre aussi fade ? C'est la question que je me pose.
Celui-ci est bien loin de retranscrire la richesse de l'œuvre. Est-ce une astuce d'Antonioni pour détourner l'attention du spectateur ? Lui faire croire que l'on va l'emmener quelque part, et le surprendre totalement en allant à un tout autre endroit ? Peut-être, peut-être pas.
En tout cas, je peux vous dire que le métier de reporter n'est ni sujet principal, ni le fer de lance du long-métrage.
10 ans après "Blow-up", l'auteur raconte de nouveau l'histoire bouleversante d'un individu en proie à de profonds problèmes existentiels. L'art de transformer une intrigue policière en une réflexion sur la difficulté de vivre et la difficulté à s'approprier la réalité.
David Locke est un reporter parti en Afrique pour tourner un documentaire. Impuissant face aux événements atroces qu'il relaie au monde entier, il est excédé de jouer un rôle passif dans sa vie.
Par ailleurs, le héros a vécu une existence frustrante et désenchantée. Si bien qu'il cherche à fuir dans la peau d'un autre, prêt à troquer son ancienne vie sans pour autant savoir ce qui l'attend dans celle d'un inconnu.
Les circonstances vont lui offrir l'opportunité de substituer l'identité de quelqu'un qu'il decouvre mort dans une chambre d'hôtel. Dans l'immédiat, il ne réfléchi pas tellement car ce stratagème semble facile à mettre en plaçe.
Sera-t-il heureux dans sa nouvelle vie ?
Ou en subira-t-il les conséquences ?
Sera-t-il rattrapé par son ancienne vie ?
Comme la plupart des grands cinéastes, Michelangelo Antonioni effectue un remarquable travail de rythme.
Ainsi, "Profession Reporter" est d'une lenteur inqualifiable pour que le spectateur puisse s'attarder sur le virtuose de la mise en scène mais surtout la composition du cadre et de l'image, toujours impeccablement travaillée. L'utilisation des couleurs est formidable grâce à l'emploi d'unités et d'évolutions chromatiques évocatrices
Ce qui est merveilleux, c'est que le temps du récit semble presque mimétique, c'est-à-dire qu'il imite le temps du réel, d'où la lenteur d'action du personnage.
Dès le début, une ambiance s'installe, celle d'un silence opressant, en cela réside l'essence du mystère. Le véritable mystère, loin des clichés américains et ses musiques ridicules.
Finalement, ce personnage est en quête d'une liberté inespérée, cherchant à s'émanciper des points d'ancrages qui le rattache à son identité, par le biais de l'aventure.
Pourquoi ne peut-on pas vivre plusieurs destins ?
Sommes-nous voués à un seul et même destin ?
Dans le monde moderne, il est malheuresement impossible d'échapper à sa propre identité.
Triste constat ...