Faces of a woman
Alors que de nombreuses études historiques tendent à définir des modèles idéologiques dominants dans la fiction (capitalisme, phallocratie, racisme, impérialisme, etc.), celle-ci n’en est pas moins...
le 28 mai 2021
55 j'aime
7
Bof bof, pas terrible.
L'auteur joue un peu maladroitement du mystère avec cette héroïne dont on nous fait croire, dans un premier temps qu'elle endosse le rôle de vengeuse de la rue pour toutes ces femmes qui se sont fait abusées après une nuit alcoolisée. En soi le twist n'est pas dérangeant, le souci, c'est que l'auteur ne parvient pas à crédibiliser son concept :
La femme se met en position de danger, accompagne un homme chez lui et juste quand il commence à la toucher, pas avant mais bien après qu'il ait commencé à se lâcher, elle révèle qu'elle n'est pas saoule mais bel et bien sobre au contraire. Bizarrement, tous les hommes vont réagir de la même manière : au lieu de s'énerver, ils vont avoir peur car une femme sobre c'est intimidant.
Ce n'est pas totalement incohérent, tous les hommes sont montrés comme des lâches dans ce film, donc ça peut paraître logique de les voir se confondre en excuses une fois le poteau rose révélé. Il est simplement dommage que ça n'aille pas plus loin dans cette idée, de montrer les hommes constamment trouillards, en exagérant. Parce que la plupart du temps, les hommes sont quand même montrés normalement, du coup leur réaction apeurée paraît parfois disproportionnée, comme lors de cette scène où le mec engueule l'héroïne dans sa voiture et se barre vite fait quand elle commence à défoncer son truck.
Difficile de prendre peur pour elle et de sentir la difficulté des conflits rencontrés tant elle s'en sort toujours facilement, en haussant simplement le ton. Les situations finissent par se ressembler, avec des résolutions finalement assez plates et on se dit qu'il est encore heureux que la plupart soient ellipsées, car il serait franchement ennuyant de l'entendre faire la morale à chaque fin de scène.
Les rapports avec les personnages secondaires, comme les parents sont assez décevant, on sent que l'auteur aurait pu aller plus loin. Tout comme la révélation sur le petit ami, bien que nécessaire, est assez facile et l'impact à la fin est plus que décevant. De même que l'explication qui justifie tout est un peu maladroitement amenée : l'auteur joue sur le mystère et ne révèle des détails 'croustillants' que par petite dose, et quand enfin on croit tout savoir, la belle abandonne son projet, avant qu'une énième révélation ne vienne tout chambouler à nouveau. Cette stratégie des miettes de pain, c'est particulièrement ronflant. Surtout si c'est pour faire de l'héroïne une girouette, alors qu'elle est censée incarner la force dans ce film.
La machination finale est un peu tirée par les cheveux. Le sort réservé à l'héroïne a par contre de quoi surprendre ; à nouveau ce n'est pas une mauvaise idée en soi, c'est même assez couillu de proposer cela, le hic, c'est que ça ne colle pas avec le reste du film où l'on ne voit que des hommes faibles et trouillards, ici elle se fait avoir bêtement (mais bon, c'était probablement sa volonté, ce qui fait c'est quand même elle qui a tiré les ficelles, son sacrifice était nécessaire pour que le bonhomme soit enfin jugé... mais si on pense comme ça, surtout avec les scènes explicatives qui suivent, ça ne laisse plus beaucoup de cheveux sur le caillou...).
La mise en scène est plutôt propre et soignée, élégante, agréable. Ce n'est pas pour autant original, ce genre de photographie, de jeu de couleurs, c'est de plus en plus commun depuis que Refn l'a popularisé avec son Drive. Mais ça reste plaisant. Le découpage est bien pensé, le montage est bien rythmé et les acteurs ont de l'espace et du temps pour jouer. Pour ma part, je fus surpris de découvrir Carey Mulligan dans un tel rôle mais aussi avec un tel look ; elle est convaincante, mais tout le long du film je ne pouvais m'empêcher de penser au fait qu'elle était prise à contre-emploi, ce qui était un peu gênant puisque ça m'empêchait de rentre pleinement dans le film. De plus, on a du mal à lui donner un âge, elle paraît assez vieille dans le film (genre fin trentaine) alors que son loverboy paraît tout jeune (bien qu'ils aient été de la même promo avant qu'elle n'abandonne ses études). Niveau musique, ça passe bien, de bons morceaux bien repris ou en tous cas adéquat par rapport au film.
Bref, déçu de l'intrigue principalement.
PS : n'empêche y a un truc bizarre avec ces féministes qui veulent faire leur justice elles-mêmes./ Certes c'est moins violent qu'à l'époque reaganienne avec ces police de quartiers (qui existent toujours), n'empêche que, cette idéologie plutôt de gauche emploie des méthodes un peu de droite. Ici, dans le film, on sent bien que les auteurs font attention à respecter la sensibilité de tous et toutes : on trouve des hommes sympas (même si couillons, comme le père), des hommes qui se sont rachetés ou qui continuent de s'en vouloir, quant aux femmes, elles se vengent mais légalement, et n'hésitent pas à jouer du martyre pour que justice soit faite. C'est une vision certainement plus idéalisée, car personne n'est aussi parfait que l'héroïne. Mais c'est ça aussi le cinéma.
Créée
le 18 juin 2021
Critique lue 440 fois
4 j'aime
D'autres avis sur Promising Young Woman
Alors que de nombreuses études historiques tendent à définir des modèles idéologiques dominants dans la fiction (capitalisme, phallocratie, racisme, impérialisme, etc.), celle-ci n’en est pas moins...
le 28 mai 2021
55 j'aime
7
Promising young woman. C’est moi. C’est toi. C’est elle. Ta voisine, ta meilleure amie ou même ta sœur. C’est un cri du cœur. C’est un film très tape à ton œil. C’est parfois superficiel, totalement...
le 24 mars 2021
53 j'aime
14
Ah... un film qui croit avoir inventé le rape and revenge... J'ai trouvé ça assez désolant comme film tant il n'a pour lui que le message qu'il veut faire passer super lourdement. C'est ça la...
Par
le 9 juin 2021
51 j'aime
19
Du même critique
Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...
Par
le 3 janv. 2016
121 j'aime
35
Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...
Par
le 22 févr. 2014
115 j'aime
45
La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...
Par
le 16 janv. 2011
103 j'aime
55