Difficile d’identifier « Psychomagie, un art pour guérir ». Un documentaire ? Un manifeste ? Une œuvre rétrospective ? Le film n’est rien de tout ça, comme il est tout ça à la fois. C’est un quasi reportage sur le mal-être, dans lequel des hommes et des femmes témoignent face caméra de leurs douleurs, de leurs attentes, de leurs idées de l’existence. Le coté manifeste du film est quant à lui apparent dès l’introduction, ou son principal auteur, Alejandro Jodorowsky, se compare à Freud, voyant sa « psychomagie » comme une alternative organique et physique à la psychanalyse. La partie rétrospective se situe dans un montage parallèle, ou Jodorowsky révèle des allusions cinématographiques à la « psychomagie », en passant des extraits de la quasi totalité de ses précédents films. Derrière tout cela se cache une intention louable, celle de mettre en image cette méthode de guérison un tantinet fantasmagorique, mais selon les patients, et d’après ce qui nous est montré, très efficace ! Pourtant, « Psychomagie, un art pour guérir » s’attire comme un gout de soupe indigeste, où se revendique une absurde fanfaronnade. Ainsi, Jodorowsky orchestre maladroitement une forme de déconstruction de sa propre œuvre, ici livrée à un total enchevêtrement et couverte de moments musicaux emphatiques. Même en tant qu’admirateur du bougre, difficile de ne pas ressentir une certaine gène face ce cachet autocentré à coup d’acmés moralistes. Se déguisant sous la couverture d’un objet filmique non-identifié, « Psychomagie, un art pour guérir », se prend en fonction de ses passages dans deux types de réactions extrêmes : l’admiration et l’écœurement. Car Jodorowsky conçoit encore une fois son film à la manière d’un défilé de saynètes. Si cela pouvait encore servir en bien aux récits de « La Danza de la Realidad » et « Poséia Sin Fin », ce procédé apparaît ici comme pompeusement programmé, et encore une fois, franchement autocentré. « Psychomagie, un art pour guérir » ne peut ainsi que se savourer avec une profonde lassitude, tant ici tout se retrouve souligné au marqueur, sans poésie, et où les phases musicales nous empêchent d’entendre des dialogues surement plus intéressants. Beaucoup de jubilations, très peu de cinéma. Tout ce que l’on pouvait craindre en somme…

Kiwi-
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le 4 oct. 2019

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