Comment n'ai-je pas pu évoquer ce monument cinématographique plus tôt ? Comment n'ai-je pas pu visionner ce document iconographique très tôt ? Car oui, ce film se regarde dès la plus petite enfance, et devrait être conseillé à tout cinéaste en herbe et en couche-culotte. Bouleversé, littéralement, toutefois pas dans le sens larmoyant et plaintif que l'on accorde habituellement à cet adjectif, mais plutôt heurté par l'intemporalité de ce film qui conserve toute sa force persuasive et de conviction. Par les sentiments, donc, mais aussi par les mots, tous ces arguments mis en scène avec brio, qui s'étalent à vue sur le génie d'Alfred Hitchcock, qui a négocié de main de maître son contrat pour le panthéon des cinéastes. Une merveille, comme il y en a peu dans le septième art et a fortiori dans le monde.

Je m'emballe, mais s'il m'a été donné de constater plusieurs fois la maestria d'Hitchcock en certaines occasions nommées Sueurs Froides, Fenêtre sur Cour ou encore Les Enchaînés, je n'avais alors pas éprouvé jusque là ce sentiment de jouissance et de puissance qui ressort de cette scène mythique, croisée par exemple en guise de clip promotionnel à l'occasion des 50 ans du cinéma Lux en cette année. Je vous laisse deviner de quelle scène il s'agit, en vous précisant que le plan a lieu sous une gerbe d'eau, battant à torrents déployés sur les courbes harmonieuses d'une jeune créature qui ne peut alors aucunement se douter de ce qui va prochainement lui advenir.

Tout est dit en quelques mots, et la justesse du ton avec lequel le réalisateur emploie à faire tergiverser ou soliloquer ses personnages est confondante de réalisme. Pas de « réalisme » « vulgaire », pour tout dire, mais un réalisme classieux, celui de la sublimation du réel, de la réalité du monde, à travers le prisme de l'objectif, le truchement de l'oeil de la caméra qui fixe à jamais des instants de terreur, et, lorsque le traumatisme a le champ libre pour s'exercer de manière diffuse, de Psychose.
Adrast
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste A la folie

Créée

le 14 déc. 2010

Critique lue 316 fois

1 j'aime

Adrast

Écrit par

Critique lue 316 fois

1

D'autres avis sur Psychose

Psychose
Kobayashhi
9

Allez à la douche !

Parfois il faut s'y prendre à plusieurs reprises pour voir ce qu'une œuvre a dans le ventre. Surtout quand celle ci est sur-vendue, associée à une pléiade d'hommages et parodies diverses et variées...

le 26 mai 2014

110 j'aime

Psychose
Sergent_Pepper
9

“We all go a little mad sometimes”

L’incursion d’Hitchcock dans les abîmes de la perversité est une réussite magistrale. Alors qu’on aborde des sujets complexes et retors, c’est par une certaine économie de moyens que la construction...

le 5 juil. 2013

103 j'aime

22

Psychose
SanFelice
10

Vertigineux

Il est bien entendu absolument absurde de vouloir écrire une critique intéressante au sujet d'un film sur lequel tout a déjà été écrit depuis des décennies maintenant. Je vais donc me contenter, non...

le 7 juin 2014

62 j'aime

16

Du même critique

Comprendre l'empire
Adrast
6

Comprendre 1/10ème de l'empire

Avec un titre aussi prétentieux, accolé au sulfureux nom d'Alain Soral, il est facile de frémir, de se dire "merde, lire un truc de facho c'est déjà être un peu facho". Et puis on se dit que ce...

le 17 mai 2013

24 j'aime

5

Persepolis
Adrast
4

Court d'Histoire, long de clichés.

Je partais avec un a priori négatif. Après quelques minutes, j'ai révisé mon jugement pour apprécier l'univers pas si niais et rondouillard que j'imaginais. Puis je me suis ravisé. Tout au contraire,...

le 27 mars 2011

24 j'aime

13

Samurai Champloo
Adrast
5

Douche froide.

D'emblée, Samurai Champloo se laisse regarder en se disant qu'on voit un énième manga détroussé de son scénario, foutu aux oubliettes avec son cousin l'originalité. L'absence d'intrigue est ce qui...

le 23 févr. 2011

21 j'aime

9