La grande beauté visuelle de Pumpkinhead, portée par la photographie inspirée de Bojan Bazelli – un fidèle du cinéma de Gore Verbinski – et par d’élégants mouvements de caméra, n’a d’égale que l’intelligence de son scénario qui interroge le sous-genre du film de vengeance et révise les clichés de la « rednecksploitation », œuvres représentant une ruralité misérable et brutale. Aussi les retournements de situation dessinent-ils l’évolution intérieure d’Ed Harley, père isolé après la disparition de son épouse, qui voit la vie de son fils unique emportée lors d’un accident. Le surnaturel intervient aussitôt telle une arme pour se venger des bourreaux et faire le deuil de son enfant, jusqu’à ce point de non-retour où le personnage se rend compte de son aveuglement et tente désespérément d’y remédier ; le fantastique change alors de nature et mute en malédiction qui s’abat sur l’humain défini par sa fragilité congénitale et par sa capacité à muter en démon si certaines conditions sont respectées.
La créature diabolique se meut doucement mais sûrement, rappelant la marche lente de Michael Myers ; elle bénéficie de remarquables effets spéciaux qui consacrent chacune de ses apparitions, quoique trop charcutées par le montage. Il faut ici rappeler que le réalisateur, Stan Winston, qui signe ici son premier long métrage, est avant tout le maquilleur et le superviseur des effets visuels préférés de Tim Burton (Edward Scissorhands en 1991, Batman Returns en 1992, Big Fish en 2003), de James Cameron (Aliens en 1986, Terminator 2 en 1992) et de Steven Spielberg à partir de Jurassic Park (1993). Sans oublier sa contribution aux mémorables The Thing (John Carpenter, 1982) et Predator (John McTiernan, 1987). Une belle découverte.