ANUS BIS

C’est donc au tour de Grégory Levasseur de plonger dans le grand bain après avoir écrit tous les scénarios de son confrère Alexandre Aja. Ensemble le tandem de frenchy sera parvenu à s’imposer dans le monde la série B Hollywoodienne (La Colline a des yeux, Piranha 3D, Horns) et le temps été venu pour lui de s’essayer derrière une caméra dans le cadre d’un Found Footage et à défaut de pouvoir véritablement révolutionner le genre en voie d’obsolescence programmé, certains propose un nouvel environnement pour le revitaliser. Il s’agira donc d’aller visiter un chantier de fouille archéologique sur le site de Gizeh où une excavation va mettre au jour une nouvelle découverte qui va pas mal agiter la communauté scientifique ainsi que le monde du moyen orient déjà pas mal secoué par le printemps arabe. Cette nouvelle pyramide à 3 faces envoi évidemment valdinguer toutes les théories et connaissances que nous pensions avoir acquises au fil des siècles. Mais la curiosité est un vilain défaut, et il y a des choses qu’il vaut parfois mieux laisser enfoui six pieds sous terre. Les égyptologues en herbe curieux de savoir ce qui s’y terre malgré les interdictions et avertissements lancés par le gouvernement vont donc s’y enfoncer histoire de récupérer leur rover qui possède une valeur estimé à 3 millions d’euros soit le double du budget alloué au film ce qui s’en ressentira forcément à l’arrivée malgré un environnement plutôt convainquant. On ne pourra malheureusement pas en dire autant de ses effets spéciaux, ou pire de sa mise en scène totalement incohérente et raté.

Pour ceux qui espérait comme moi voir des momies, et bien on n'en verra pas l'ombre d'une seule contrairement à ce que l’affiche pouvait laissait supposer, de là dire que le petit Grégory vendrait du sable aux arabes, il n’y a qu’une dune que je ne franchirai pas. On devra donc se contenter d’une horde de chacals faisandés probablement évadés des stocks shots du Roi Scorpion. La menace n’a donc rien de bien effrayante, et l’on s’imaginerait sans mal y mettre un bon coup de pied au cul à défaut de se prendre une dalle sur le pied. Mais le principal problème réside surtout dans la diégèse que le réalisateur ne cesse de tordre. On comprend bien qu’il y a des velléités de vouloir s’émanciper de son dispositif pour pondre quelques plans qui ont de la gueule mais le problème c’est que le tout finira par s’effondrer comme le sol qui va se dérober sous leurs pieds. Et à force de vouloir creuser, le film finit par se vautrer dans le n’importe quoi le plus total, à quelques pas seulement de l’antichambre du nanar. On sera donc fréquemment heurté par des plans d’ensemble, champ-contrechamps ou une caméra à l’épaule omnisciente mêlé à des prises de vues authentique en « found footage ». Cela ressortira notamment vers la fin lorsque le docteur Norah reprochera au caméraman de ne jamais cesser de filmer, lui s’en défendra sous l’argument d’un témoignage post-mortem ce qui amène à penser que Grégory Levasseur ne savait jamais sous quel angle aborder son histoire qui mêle énigmes sans intérêt, divinité antique, et ordre franc-maçonnique, ce qui soulèverai que la pyramide fût découverte quelques siècles plus tôt avant d’être recouverte par une tempête de sable ou bien rebouché par quelqu’un. Un beau charabia qui devrait faire froncer les sourcils de tous les historiens.

Evidemment les comportements irrationnels sont à l’avenant, si bien que l’on finira par lever les yeux au plafond, seul véritable échappatoire vers lequel se tourner puisque chaque passage emprunté ne débouchera qu’au point de départ initial. Une topographie labyrinthique bien peu crédible qui tient surtout de la flemmardise scénaristique et de l’étroitesse d’un budget trop rachitique au vu de ses ambitions narratives. A ce titre, le décor est d’ailleurs très mal exploité puisque l’on ne ressentira jamais le sentiment de claustration dans les espaces confinés. Une gageure et un véritable aveu de faiblesse de la part de l'apprenti réalisateur. De toute façon à ce stade plus rien ne nous étonnera, et l’on s’attendrait même à voir Maître Gims débouler de nulle part pour nous donner des cours d'histoire, un peu comme ce soldat armé d’une kalachnikov qui se fera plié comme un baklava par le dieu Anubis lui-même. L’intrigue esquisse une résolution plutôt intéressante réduite néanmoins à l’état d’ébauche ou plutôt d’un hiéroglyphe (la pesée du cœur). Grégory Levasseur l’enverra malheureusement boulet pour nous gratifier d’un jump scare racoleur et dispensable après une ultime ascension qui n’avait rien de bien éprouvante. C’est à se demander ce que l’on est bien venu faire dans cette galère. Et on ressortira finalement aussi dilaté et vénère que Anus-bis.