Il arrive ce moment dans le film où la performance de Tom Hardy est si parfaite qu’elle en devient inquiétante. Peut-on aussi bien jouer le gars simple sans l’être un peu soi-même ?
Et puis nous reviennent en mémoire ses performances dans Locke, des hommes sans loi, Bronson, La Taupe ou même Batman et on se dit que non, cela n’a rien de naturel.
Le type a du talent. A revendre.


Enquête d’auteur en quête d’hauteur


Ne le cachons pas, plus que l’écriture des personnages, le scénario ou la photo –classiques mais de très bonne facture- c’est l’interprétation qui emporte le morceau ici. Hardy, donc, stupéfiant, est parfaitement épaulé par la dernière apparition de notre immense Gandolfini, et ne pâtit pas de la performance de Noomi Rapace, pour une fois convaincante (voir la scène finale, dans le bar, où elle joue la stupeur avec maestria).


"The drop" se passe entre poteaux


Michael R. Roskam, comme tant d’autre, a perdu un peu de sa personnalité (éclatante dans Bullhead) en traversant l’Atlantique, mais a su adapter avec rigueur et talent le scénario de Dennis Lehane, à travers une histoire qui mêle habilement des éléments familiers (une vie de quartier, ses bars, sa pègre, la famille et les amis) et une trame qui ne dit pas clairement jusqu’au bout vers quoi elle tend, même si l’on nourrit de légitimes doutes quant au dénouement de tout cet imbroglio fait de tensions sourdes et rentrées.


Au fond, on rage un peu que le film ne propose pas un tantinet d’originalité en plus, un petit supplément d’âme qui nous aurait permis de l’adorer sans réserve. Quelque chose qui nous aurait poussés à nous prosterner et allumer un cierge devant le génie de Tom Hardy.
On se contentera d’une Brooklyn bougie.

guyness

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

89
26

D'autres avis sur Quand vient la nuit

Quand vient la nuit
Velvetman
7

Quand vient la nuit

Michael R. Roskam est un réalisateur européen qui se fera à n’en pas douter, un petit nom outre atlantique dans les années à venir, comme a pu le faire son homologue Nicolas Winding Refn. D’ailleurs,...

le 15 nov. 2014

51 j'aime

Quand vient la nuit
Sergent_Pepper
4

Quand vient l'ennui

L’ascension de Michale R. Roskam avait de quoi faire vibrer : le diamant brut Bullhead était plus qu’une promesse, c’était un coup d’éclat, et son arrivée aux Etats Unis, entourés de Lehane,...

le 5 janv. 2015

42 j'aime

10

Quand vient la nuit
Théo-C
8

Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien

Michaël R. Roskam est un cinéaste à suivre de près. Découvert, pour ma part, avec l'excellent et surprenant "Bullhead", le belge confirme ses qualités de réalisateur avec ce nouveau film made in...

le 17 nov. 2014

29 j'aime

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

314 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

296 j'aime

141