Après son retour dans la ferme familiale à la fin de John Rambo, ce dernier y vit désormais avec une amie, qui a une petite-fille. Celle-ci veut des réponses de la part de son père, et part le retrouver au Mexique, où elle va être enlevée par le Cartel local. Et donc Rambo qui va aller la délivrer.
John Rambo, soit le quatrième volet de la série, était une belle conclusion, avec un homme qu'on sent à jamais tourmenté par ses souvenirs du Vietnam, qui a été utilisé comme une machine à tuer, et dont l'humanité se réduisait à peau de chagrin. Ici, il a encore ses troubles, qu'il compense par des psychotropes, mais tout ça est balayé très vite par un scénario con comme ses pieds et qui n'est en rien l'essence du personnage crée par son auteur, David Morrell, qui s'est senti embarrassé par ce cinquième film.
Sylvester Stallone reprend son rôle iconique avec une conviction très modérée, et lui-même sent que ce qu'il fait n'est plus aussi fort que dans Rambo, qui est un film formidable, et il retrouve désormais à faire de la production fauchée. Car s'il a couté 50 millions de dollars, ça ne se voit pas à l'image, avec une dizaine de décors, des acteurs qui ont le charisme d'endives, voire de navets, et une absence totale d'empathie avec le drame vécu par Rambo. Au fond, a un mix improbable entre Maman, j'ai raté l'avion et un Vigilante bas de gamme, avec des effets spéciaux désastreux, où le sang numérique gicle à tout va, et le sommet est atteint dans les vingt dernières minutes, les seuls moments où je me suis un peu réveillé, où le décor est un cache-misère pour cacher des effets honteux en 2019, comme une coupure dans un plan pour montrer un homme sans blessures puis gravement touché.
Bien entendu, ça reste très violent, mais là aussi, c'est tellement cartoon que je ne peux pas croire que ça soit choquant : pour ça, John Rambo était bien plus dur et premier degré.
N'étant pas trop au fait de la politique, je ne sais pas si c'est pro-Trump, mais les Mexicains sont montrés comme des fous sanguinaires, ou des balances, mais c'est un cliché limite raciste qu'on aurait aimé éviter. Le script est vraiment d'une grande faiblesse, qui ne revient que très peu sur Rambo lui-même, au profit de cette histoire de kidnapping. De plus, la réalisation est vraiment à l'opposé d'un tel sujet, avec une caméra tremblante, et des scènes soit illisibles, soit filmés à contre-jour.
Sylvester Stallone a déclaré que Last blood serait le dernier film de la série, ce qu'il a déjà dit au temps de John Rambo d'ailleurs. En fait, la meilleure chose se situe au générique, où on a un récapitulatif des cinq films, et de rappeler encore à quel point First blood est un modèle sur l'inadaptation des soldats rentrés du Vietnam, soit des âmes brisées.
Rien de tout ça ici, pour un résultat à oublier très vite.