"Tu sais ce qui manque ? Des histoires qui finissent bien."
Second long-métrage écrit et réalisé par Peter Dourountzis (Vaurien), «Rapaces» nous dépeint le monde des faits divers et celles et ceux qui les relayent et les publient.
Présenté comme un thriller d'investigation, on y suit le quotidien de l'équipe du magazine «Détective», entre réunion en rédaction et enquêtes sur le terrain, et plus précisément celui de Samuel, journaliste, et de sa fille Ava, stagiaire, enquêtant sur le meurtre d'une jeune fille brûlée à l'acide (un meurtre inspiré de l'affaire Élodie Kulik en 2002).
Un film dépeignant non pas ces journalistes comme des vautours prêts à toutes les compromissions pour obtenir l'article le plus vendeur (même si cela ne les empêche pas d'avoir parfois recours à certaines méthodes mensongères), mais plutôt comme des enquêteurs qui font tout leur possible pour coller au plus près des faits, de la vérité, quittent à mettre leur nez là où les autres évitent d'y mettre le leur.
Une sorte un peu d'antithèse à des œuvres comme «Le Gouffre aux Chimères» ou le plus récent «Night Call».
Un polar dont le fil rouge repose sur un féminicide (résonnant d'une certaine manière avec «La Nuit du 12», mais sous l'angle journalistique), qui finit par obséder Samuel et Ava, qui vont tout faire pour débusquer les auteurs de ce crime, et réparer en même temps ce lien familial distant entre eux.
Un film qui, dans sa première partie, s'éparpille et s'avère un peu laborieux par moments, ne sachant pas toujours quel sujet prioriser (l'enquête journalistique, la toxicité masculine, le rapport père-fille).
L'impression que plusieurs petits films cohabitent dans le même long-métrage, ne s'imbriquant pas toujours comme il faudrait.
C'est dans sa seconde moitié, quand le récit se recentre, que le film gagne en force et surtout en tension (une tension culminant avec cette séquence nocturne dans un restoroute au milieu de nulle part, où nos protagonistes se retrouvent pris au piège, puis en chasse).
Une œuvre qui peut compter sur un casting hétéroclite et convaincant, mention spéciale au toujours impeccable Sami Bouajila (même si son duo avec Mallory Wanecque manque un peu de développement), ainsi qu'à une réalisation immersive et travaillée, rappelant par moments le style du cinéma US des années 70.
Un polar journalistique qui ne convainc pas entièrement (notamment de par sa fin un peu trop expédiée), mais a clairement du potentiel dans son aspect sociétal et son traitement du suspense. À découvrir.